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Le MDP : ne jetons pas aux oubliettes un outil qui a levé plus de 200 milliards de dollars

Chacun se demande quel instrument miraculeux permettra au Fonds Vert pour le Climat de mobiliser l’engagement de 100 milliards USD par an d’ici 2020. Les pays en développement demandent des cibles intermédiaires pour faire taire leur scepticisme croissant sur l’atteinte de cet objectif...

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En parallèle, paradoxalement, on laisse mourir sans trop de regrets le Mécanisme pour un développement propre (MDP), un outil qui a réussi à attirer plus de 200 milliards USD d’investissements essentiellement privés sur des projets d’’atténuation du changement climatique.

Le MDP est le label de compensation carbone le plus important dans le monde. Il a approuvé plus de 5 000 projets dans des pays en développement qui ont déjà permis de réduire plus d’un milliard de tCO2eq en 10 ans, soit le niveau d’émissions annuel de l’Allemagne. Environ 4 000 projets MDP, pour lesquels les données relatives aux investissements sont publiques, ont permis de lever 188 milliards de dollars, devraient réduire 1,42 milliard de tCO2eq d’ici fin 2012, d’après les documents descriptifs de projet. En prenant en considération le prix moyen du CER de 13 USD/t au cours des trois dernières années, on peut conclure que chaque dollar de la finance carbone a réussi à lever près de 10 dollars d’investissement par le biais du MDP.

Evidemment, plus la part des revenus non liés au volet carbone d’un projet est élevée, plus ce ratio est important. En effet, le taux investissement/réduction d’émission du MDP peut varier de quelques centimes pour les projets ne générant que des revenus carbone (tel que la destruction de gaz industriels) à plusieurs centaines de dollars pour les projets générant une part importante de leurs revenus par la production d’électricité ou l’économie d’énergie (les projets d’énergie solaire et d’efficacité énergétique). Le MDP peut donc être considéré comme un outil de politique publique efficace, qui débloque des investissements privés pour l’atténuation au changement climatique dans plusieurs secteurs. Cet outil est également important du point de vue du renforcement de capacité au regard du nombre croissant de projets financés par des investissements domestiques privés dans des pays en développement.

Il est vrai qu’en parallèle de ces milliards de dollars d’investissement, le MDP a également suscité des critiques légitimes. Celles-ci concernent notamment son intégrité environnementale, la complexité de ces procédures administratives et sa contribution au développement durable. Néanmoins, au cours de ses onze années de vie, le MDP s’est avéré être un instrument souple, capable d’apprendre de ses erreurs et de s’améliorer par de nombreuses réformes. Parmi les améliorations qui ont déjà été mises en oeuvre, on compte l’éradication des incitations perverses pour les projets de destructions de gaz industriels, la rationalisation des procédures administratives, la standardisation des démonstrations de l’additionalité et des niveaux de référence, et l’extension du champ d’application du mécanisme. Un ensemble de réforme a été proposé par le CDM Policy dialogue en septembre 2012.

En attendant, la demande pour les crédits provenant principalement de l’EU ETS s’assèche, faisant chuter le prix des crédits Kyoto en-dessous de 1 USD par tCO2eq, sans aucune perspective de rebond. La pertinence du MDP comme outil d’atténuation est donc sérieusement mise en doute. Cependant, au moment où les financements climatiques sont rares, il serait dommage de jeter aux oubliettes un outil établi, qui fonctionne bien pour réduire les émissions, et qui fournit un effet de levier de 10. Comme l’a suggéré récemment le CDM Policy Dialogue, des décisions politiques claires visant à accroître et à diversifier la demande en crédits carbone sont nécessaires pour restaurer un prix du carbone durable et un climat favorable à l’investissement. Elles pourraient prendre la forme d’engagements plus ambitieux et/ou de l’utilisation de la boite à outils du MDP dans les marchés régionaux et les fonds multilatéraux en cours de constitution. Ceci permettrait d’avoir un effet de levier important pour atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020.

Igor Shishlov Décembre 2012

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