«J’ai une expérience de plus de 30 ans sur les marchés, ce qui inclut la traversée de 1994, année où nous avons probablement vécu l’un des bear markets obligataires les plus sauvages au cours de ces trois décennies. Il ya un certain nombre d’éléments qui pourraient conduire à une répétition de ce phénomène, le plus important étant une reprise très spectaculaire de la croissance», a déclaré Jim O’Neill, président de Goldman Sachs Asset Management dans une interview à Bloomberg Television.
«Si nous continuons à observer des signes d’une reprise vigoureuse de la croissance aux États-Unis, à un certain moment la Fed changera sa perception du monde; c’est ce qui a causé le crack obligataire en 1994» a-t-il ajouté. En 1994, les bons du Trésor américain avaient perdu 3,3 pour cent après que la Fed eut augmenté les taux d’intérêt en réponse aux menaces d’inflation.
Nassim Taleb est encore plus pessimiste. Selon lui, s’il y a bien deux investissements à éviter, ce sont les bons du trésor et le dollar. «Même si la crise de la dette souveraine persiste en zone Euro, il vaut mieux détenir des euros que des dollars. L’Euro est accroché à l’Allemagne, le dollar à rien du tout» a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Moscou.
«Les États-Unis sont comme la Grèce, il leur manque juste la pression du Fonds Monétaire International pour les obliger à respecter une certaine discipline budgétaire» a-t-il averti.
Dans un rapport publié le 7 janvier dernier Bill Gross, qui dirige PIMCO le plus gros fonds obligataire du monde a prédit la fin du marché haussier pour les bons du Trésor et à inviter les investisseurs à «exorciser» les obligations de l’état américain de leurs portefeuilles et à les remplacer par des solutions de rechange plus attrayantes.
Le fonds Pimco Total Return a indiqué que les titres du gouvernement américain étaient passés de 22 pour cent en Décembre 2010 à 12 pour cent en Janvier 2011 dans son portefeuille.
La proportion de bons du Trésor américain détenus par le fonds est au plus bas depuis Janvier 2009, période où il ne détenait que 15 pour cent de ses actifs dans cette catégorie.
Les stratégistes de Natixis font également le pari d’une importante baisse des T-notes.
Au-delà des problèmes budgétaires du gouvernement américain, ils mettent en avant le risque inflationniste et la concurrence des autres actifs.
Selon eux, les Etats-Unis, contrairement à beaucoup d’autres grands pays, jouissent encore d’une inflation très faible mais celle-ci devrait progressivement augmenter et à mesure que l’écart se comblera, ses effets sur le T-notes seront négatifs.
Aussi, dans un environnement plus porteur sur le plan conjoncturel, les T-notes devront faire face à la concurrence non seulement des autres actifs mais aussi des obligations souveraines d’autres régions du monde. «Si la zone euro parvient à trouver une issue à sa crise budgétaire, les obligations souveraines européennes deviendront rapidement beaucoup plus attractives que celles des Etats- Unis. En particulier, s’il devait y avoir un accord sur les euros-obligations, les T-notes auront beaucoup de mal à rivaliser, puisque les fondamentaux européens sont nettement meilleurs que ceux des Etats-Unis» préviennent les stratégistes de Natixis.