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Une conjoncture sous le signe des opportunités sur les marchés obligataires

Les marchés obligataires n’ont pas été à la fête depuis le début de l’année. Mais le ralentissement économique en cours créé des conditions de marchés propices à une baisse des taux longs et à de nouvelles opportunités sur cette classe d’actifs.

A l’occasion des Rencontres Arbevel, organisées dans le cadre prestigieux de l’Institut Pasteur, Arbevel, qui vient de lancer le fonds Pluvalca Crédit Opportunities 2028, a réuni plusieurs experts qui ont confronté leurs points de vue.

En poussant les taux longs à la hausse, le retour de l’inflation a changé la donne sur les marchés obligataires, entraînant mécaniquement une baisse des valorisations. Inflation transitoire, pensait-on ou sortir de la crise sanitaire, alors qu’elle s’installe dans la durée et oblige les banques centrales à mettre fin à une décennie de baisse des taux et de politiques non conventionnelles. Mais que signifie véritablement ce retour de l’inflation? «A court terme, l’inflation est le résultat d’un rattrapage de la consommation différée en raison de la crise sanitaire et d’absence des stocks dans les entreprises pour faire face à l’afflux de la demande. A ce titre, il est très probable que le sommet de l’inflation soit déjà derrière nous. A plus long terme, les facteurs structurels poussent toutefois à une baisse des tensions inflationnistes. La dynamique de vieillissement de la population observée dans les pays développés amènera à terme un ralentissement de la consommation des ménages et une baisse du taux de croissance potentiel.» estime Pierre Sabatier, Président de Primeview, même si les tensions géopolitiques actuelles introduisent inévitablement un élément d’instabilité.

Si le regain inflationniste actuel trouve son origine dans une crise de l’offre et une envolée des cours des hydrocarbures, les investisseurs peuvent toutefois espérer une accalmie prochaine sur ce front. «Une crise énergétique provoquée par une flambée des cours de l’énergie peut s’autoréguler assez rapidement si la demande n’arrive plus à suivre la hausse des prix» relève Thibault Prébay, Directeur général adjoint chez Arbevel. Dans ce contexte, une mauvaise interprétation de la crise en cours par les banques centrales constitue un risque réel. «Nous pensons qu’une erreur de politique monétaire pourrait créer une situation préjudiciable sur le plan économique. Une surréaction des banques centrales, interprétant un phénomène conjoncturel comme un problème structurel, est à redouter alors que nous pensons que le niveau des taux longs devrait se stabiliser» prévient Pierre Sabatier.

Des anticipations de hausse des taux déjà largement intégrées par le marché

Pour les investisseurs, les marchés obligataires ont perdu leur statut de valeur refuge alors que les actions et les obligations enregistrent une contre-performance similaire depuis le début de l’année (autour de -15% fin août). «En tant qu’investisseur assurantiel, les obligations représentent environ 60% de notre portefeuille. Outre les caractéristiques propres à cette classe d’actifs de long terme, le cadre réglementaire imposé par Solvency II incite fortement les allocataires d’actifs que nous sommes à investir en titres obligataires, en particulier en obligations d’Etat. Or, après des mois de hausse des taux, le contexte redevient enfin plus favorable alors que les OAT 10 ans ont à nouveau franchi la barre des 2%. Sur le segment des obligations privées, le niveau des spreads actuel prend en compte un risque de défaut des entreprises très significatif, autour de 10%» explique Christophe Cattoir, Directeur des investissements de M comme Mutuelle, pointant les opportunités nouvelles offertes par ce nouvel environnement. «Les anticipations de hausse des taux ont déjà été largement intégrées par le marché. En cas de fort ralentissement de la croissance, les obligations de long terme offriraient une protection appréciable, surtout en cas d’inversion de la courbe des taux. Aujourd’hui, notre allocation stratégique est composée de 40% d’actions, de 30% d’obligations et de 30% d’actifs non cotés» annonce Arnaud Mémin, Responsable du Pôle gestion des actifs dédiés cotés chez EDF.

«La perspective d’une récession créée des conditions de marchés favorables aux obligations. Les investisseurs doivent commencer à se repositionner sur cette classe d’actifs dans un environnement très difficile et qui devrait perdurer jusqu’à la fin de l’année» conseille Pierre Sabatier. Toutefois, les investisseurs devront se montrer sélectifs. «Nous pensons que les émetteurs notés BB sur le marché des obligations privées constituent un bon compromis rendement/risque» avance Christophe Cattoir. L’heure n’est donc plus à la désertion des marchés obligataires malgré un contexte pour le moins complexe. «Nous traversons une période anxiogène mais cette situation de taux élevés constitue un point d’entrée propice aux opportunités» conclut Thibault Prébay.

Next Finance Octobre 2022
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