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Trop gros pour faire faillite, pas assez pour aller en Prison !

C’est par cette phrase hostile inscrite sur une pancarte qu’ont été accueillis les dirigeants de la prestigieuse banque d’affaires américaine à leur entrée au sénat. Egalement auditionné, «Fabulous Fab» s’est défendu avec aplomb...

Pendant plus de 5 heures, les sénateurs ont cuisiné Daniel Sparks - ancien responsable des activités hypothécaires - et trois de ses subordonnés, parmi lesquels le Français Fabrice Tourre, visé par la plainte de la SEC.

Celui-ci s’est montré le plus pugnace et le plus combatif. Il a nié catégoriquement les accusations de la SEC et a réitéré que les 2 seuls investisseurs des CDO Abacus disposaient des ressources nécessaires pour intervenir sur ce marché. Selon lui, Goldman Sachs n’avait strictement aucun intérêt à faire perdre de l’argent à ses clients. «La banque a d’ailleurs perdu 83 millions de dollars dans cette affaire», précisa t-il aux sénateurs.

Répondant à une question de la sénatrice républicaine, Susan Collins, lui demandant s’il servait l’intérêt de ses clients, ou celui de sa firme, Fabrice Tourre a présenté la banque comme un simple intermédiaire - un «market maker» - organisant ce marché de produits devenus toxiques. «Nous avions l’obligation de servir nos clients, mais nous n’étions pas leur conseiller en investissements: nous agissions comme «market makers» en leur dévoilant les prix des transactions qu’ils requerraient.»

L’échange entre le président de la commission, le sénateur démocrate Carl Levin et Daniel Sparks s’est résumé à un dialogue de sourds! Morceaux choisis...

Carl Levin: «Vous avez conçu un produit de 300 millions de dollars, sur lequel vous représentiez la moitié des «shorts» [paris sur la faillite]... étiez-vous à l’aise de le vendre à vos clients? Pourquoi ne pas les avoir informés de ces paris?»

Daniel Sparks: «Les clients qui n’ont pas voulu participer à ce deal ne l’ont pas fait»

Carl Levin: «Combien Goldman Sachs a gagné en pariant sur le déclin de ces produits, vendus à vos clients?»

Daniel Sparks: «Il semble que ces clients aient pris leur décision librement en y investissant.»

Carl Levin: «Vous rappelez-vous dans quelles proportions vous avez parié contre un autre produit appelé Timber wolf, dont vous avez vendu 600 millions de dollars?»

Daniel Sparks: «Nous avons fourni un certain nombre de paris baissiers...»

Carl Levin: «Savez-vous ce que votre équipe disait à propos de Timberwolf dans un courriel? ‘Mec, c’était vraiment une affaire merdique’!»

Daniel Sparks: «Il m’est utile de savoir dans quel contexte ces mots ont été prononcés...»

Carl Levin: «Combien de ces affaires merdiques avez-vous vendues?»

Daniel Sparks: «Leur prix reflétait le niveau de risque dans lequel les clients voulaient investir...»

Carl Levin: «Goldman Sachs devait-elle vendre des affaires merdiques?»

Daniel Sparks: «Je n’ai pas utilisé ces mots.»

Carl Levin: «Ne disiez-vous pas alors que vendre ces produits était la «top priorité»?»

Daniel Sparks: ...Silence

Steve Tui Avril 2010
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