A l’issue du discours prononcé par Jerome Powell à l’Institut Brookings mercredi dernier, les marchés ont choisi de retenir que la Fed était prête à ralentir le rythme des hausses de taux. Son président a néanmoins répété que le marché du travail restait tendu – les offres d’emploi dépassent largement le nombre de chômeurs – et déclaré que la Fed attendait des «preuves plus sensibles» de la baisse de l’inflation. Reflétant une inflation hors alimentation et énergie (PCE «core») en hausse de 0,2% en glissement mensuel en octobre (5,0% en glissement annuel), les chiffres publiés le lendemain ont semblé justifier sa prudence. A court terme, la diminution progressive des offres d’emploi ne freinera pas l’augmentation des salaires, ce qui nous amène à anticiper de nouvelles hausses de taux au 1er trimestre 2023. Nous prévoyons des hausses de 50 pb en décembre et février, puis une hausse de 25 pb en mars (ce qui porterait le taux des Fed Funds à 5,0-5,25%). Au mois d’octobre, les dépenses de consommation ont progressé comme attendu, le revenu personnel a augmenté plus que prévu et le taux d’épargne a chuté à 2,3% (un plancher depuis 2005), les consommateurs ayant dépensé plus d’argent qu’ils n’en avaient gagné. En novembre, l’indice ISM du secteur manufacturier est entré en territoire de contraction pour la première fois depuis le début de la crise, et nous surveillerons cette semaine l’indice ISM des services pour en savoir plus sur la santé de l’économie américaine. Les rendements des bons du Trésor américain (que nous surpondérons) ont reculé, le rendement du 10 ans clôturant la semaine à 3,5%.
La semaine dernière, la décision de Blackstone de limiter les retraits de son fonds immobilier après un afflux de demandes de rachat et le dépôt de bilan du prêteur de crypto-monnaies BlockFI ont rappelé l’existence de certains risques, le resserrement des conditions financières entraînant des préoccupations accrues vis-à-vis des liquidités.
L’inflation globale en zone euro s’est établie à 10,0% en glissement annuel en novembre (10,6% en octobre), alimentant les espoirs d’un dépassement du pic d’inflation dans la région. Mais l’essentiel de la baisse est imputable aux prix de l’énergie, tandis que l’inflation de base est restée inchangée au niveau excessivement élevé de 5%. Dans le même temps, le chômage a chuté à un niveau record de 6,5% en novembre (ce qui reflète en partie l’impact du plan de relance de 200 milliards d’euros engagé par l’Union européenne). Aujourd’hui, parallèlement à l’embargo de l’UE sur les importations de brut par voie maritime, les pays du G7, l’UE et l’Australie ont instauré un plafond de 60 USD/baril pour le pétrole russe. La Russie menace de ne pas vendre son pétrole aux pays qui acceptent ce plafond, tandis que l’Opep+ a réitéré son intention de réduire la production quotidienne de 2 millions de barils, du mois de novembre jusqu’à la fin 2023. Nous sommes positifs à l’égard du secteur pétrolier. Le PIB de la Suisse a progressé de 0,2% en glissement trimestriel au 3e trimestre, contre 0,1% au 2e. Nous sommes neutres face aux actions suisses.
Malgré de nouveaux signes de faiblesse de l’activité économique, les actions chinoises se sont envolées la semaine dernière, les autorités accélérant l’assouplissement de leur politique «zéro covid» après une vague de protestations. Mais la voie vers une réouverture complète sera semée d’embûches, sachant qu’un rebond soudain de l’épidémie risquerait de submerger le système de santé.