Next-Finance: Est-ce que le groupe Agrica détient des encours importants investis sur les fonds quantitatifs?
Pierre Richert: Aujourd’hui, Agrica n’est plus investi sur des fonds quantitatifs. Au sein de notre portefeuille global, nous avons, en effet, décidé de ne plus avoir d’exposition sur ce type de fonds depuis l’année 2007, en les remplaçant au sein de notre allocation, par des investissements réalisés par le biais de stock ou bond picking, tant sur les actions que les obligations.
Il nous semble que ce type de fonds, censés arbitrer les inefficiences du marché, ont été pris à leur propre jeu pour la simple et bonne raison que trop d'intervenants se sont mis à utiliser les mêmes techniques de gestion ces derniers temps, ce qui leur a été préjudiciable en terme de performance.Pierre Richert, Directeur Financier, Agrica
Pouvez-vous nous expliquer la raison de cette décision? Quelles sont vos craintes en matière d’investissement dans ce type de fonds?
Il ne s’agit pas de craintes à proprement parler. Notre analyse a montré qu’à long terme, les performances de ce type de fonds sont loin d’être garanties. En effet, les modèles mathématiques utilisés par certains fonds quantitatifs n’ont pas tenu leurs promesses à nos yeux. Il nous semble que ce type de fonds, censés arbitrer les inefficiences du marché, ont été pris à leur propre jeu pour la simple et bonne raison que trop d’intervenants se sont mis à utiliser les mêmes techniques de gestion ces derniers temps, ce qui leur a été préjudiciable en terme de performance. Bref, de quoi nous laisser penser que les modèles utilisés par les fonds quantitatifs ne sont plus forcément adaptés au nouvel environnement des marchés financiers.
Que pensez-vous de la transparence et de l’explication de la performance donnée par les fonds quantitatifs?
En termes de transparence, nous pensons qu’il faut être un très bon technicien pour comprendre dans le détail les méthodes utilisées par les fonds quantitatifs. Cependant, le degré de complexité a quelque peu reculé à nos yeux ces dernières années, notamment en raison de nouvelles contraintes imposées par la réglementation. Du côté de l’explication de la performance, des efforts notables ont été réalisés, notamment à travers la mise en place de documents de reporting de plus en plus précis et détaillés de la part des sociétés de gestion.
D'ailleurs, ces nouvelles dispositions devraient renforcer la probabilité de nous voir investir à nouveau sur les fonds quantitatifs.Pierre Richert, Directeur Financier, Agrica
Les évolutions réglementaires de type AIFM, sont elles de nature à faire évoluer les choses?
Oui, bien évidemment, nous pensons que ces évolutions réglementaires vont dans le bon sens. D’ailleurs, ces nouvelles dispositions devraient renforcer la probabilité de nous voir investir à nouveau sur les fonds quantitatifs. Cependant, l’élément moteur dictant notre décision d’investissement repose sur une augmentation significative de la volatilité sur les marchés financiers dont ne manqueraient pas de profiter ce type de fonds, de notre point de vue.