Faut-il revenir à l’achat sur les petites et moyennes capitalisations françaises? Sur le plan macroéconomique, le contexte n’est a priori guère encourageant même si l’inflation devrait poursuivre sa décélération, autour de 2,5% en 2024 et 1,8% en 2025, selon la Banque de France. L’économie française devrait, quant à elle, réaliser une croissance de 0,9% cette année et de 1,3% l’an prochain. «Cette croissance de l’activité très modeste est le résultat du resserrement monétaire, alors que les taux réels ressortent aux environs de 0,7%. Le durcissement des conditions de crédit est néanmoins en cours d’essoufflement: la Banque centrale européenne (BCE) a cessé d’augmenter ses taux d’intérêt et les baissera probablement d’ici l’été. De son côté, le faible rythme de la consommation s’explique en partie par l’atonie du revenu disponible réel» remarque Jeanne Asseraf-Bitton, Directrice Recherche & Stratégie.
Cet environnement macroéconomique morose n’affecte cependant pas la bonne santé des entreprises françaises. Ces dernières disposent d’atouts solides qui doivent inciter à relativiser le pessimisme ambiant. «Le taux de marge des entreprises devrait rester à des niveaux très solides au cours de l’année dans la mesure où les entreprises parviennent à répercuter sur leurs prix de vente l’augmentation du prix des intrants. En outre, 53% des entreprises de services ne voient aucun facteur limitant leur production, un chiffre rarement atteint au cours de la décennie passée. Enfin, le niveau d’épargne des ménages pourrait constituer, en partie, un facteur de soutien à la consommation. De même qu’une reprise de la conjoncture chinoise pourrait profiter à nos entreprises exportatrices» précise Jeanne Asseraf-Bitton.
Cac Mid & Small vs. Cac 40: un retard de valorisation inédit
En Bourse, les petites et moyennes valeurs françaises ont été incontestablement affectées par la remontée des taux entre décembre 2021 et décembre 2023 mais l’horizon s’éclaircit en 2024. Les taux longs ont commencé à se détendre, avant que les taux courts ne suivent plus tard dans l’année. «La stabilisation, voire la légère baisse déjà observée sur la partie longue de la courbe, est un élément positif qui devrait impacter favorablement la performance de ce segment de la cote. D’autant que les flux sortants sur cette classe d’actifs se sont stabilisés au cours de la période récente. Enfin, les small & midcaps françaises accumulent un retard historique de performance sur cinq ans glissants: sur la période le retard du CAC Mid & Small par rapport au CAC 40 atteint même 44%.» explique Fabrice Masson, Directeur de la gestion Actions.
Or, les petites et moyennes capitalisations enregistrent une dynamique de résultats positive: sur très longue période (depuis 2006) le bénéfice par action est en hausse moyenne de 6,6% par an pour les entreprises du CAC Mid&Small vs. +2,2% par an pour les valeurs du Cac 40. «Cette décote n’est donc pas justifiée par une sous-performance liée à des bénéfices plus faibles. Historiquement, le surcroît de croissance des petites et moyennes capitalisations se traduisait par une prime de valorisation de 20 à 25% de ce segment par rapport aux grandes capitalisations. Aujourd’hui nous constatons même une décote de l’ordre de 10% ce qui nous incite à nous montrer optimistes sur cette classe d’actifs à plus long terme. Le signal du rebond pourrait notamment venir des opérations de rachat qui ont repris au sein de l’univers des small & midcaps» estime Fabrice Masson.