Initiatives positives de la BCE, mais rôle à jouer par les gouvernements
Le principal risque en Europe est l’éventualité que les faibles niveaux d’inflation évoluent en déflation. Ce problème n’est pas nouveau et le risque de déflation ne nous semble pas élevé. La Banque centrale européenne (BCE) a déjà pris des mesures importantes pour assouplir les conditions de crédit et doper la croissance dans la zone euro. Certaines de ces mesures, telles que les achats de titres adossés à des actifs, viennent tout juste d’être mises en place, si bien que leur impact ne s’est pas fait encore totalement sentir. De plus, il nous semble fort probable qu’un programme d’assouplissement quantitatif (QE) de grande envergure soit introduit si les inquiétudes déflationnistes perdurent en Europe. Chacun des trois QE américains a déclenché une dynamique haussière soutenue pour le marché d’actions local et nous pensons que l’accueil réservé au QE européen serait tout aussi positif pour les prix des actions.
Cela étant, à plusieurs reprises, le Président de la BCE, Mario Draghi, a indiqué que la banque centrale ne pouvait tout assumer seule. Afin d’impulser une reprise économique durable en Europe, il est aussi nécessaire que les gouvernements prennent des mesures budgétaires appropriées et mettent en œuvre des réformes structurelles pour stimuler la demande globale. Selon nous, l’insistance de l’Allemagne en matière d’équilibre budgétaire est louable, mais il faut une plus grande flexibilité pour faire face à la réalité du cycle économique.
Les conditions sont réunies pour une amélioration des bénéfices des entreprises
Un autre facteur positif est la marge de progression des bénéfices des entreprises en Europe.
Les marges bénéficiaires des entreprises de la zone euro sont toujours nettement inférieures à celles de leurs homologues américaines. Le resserrement de cet écart pourrait permettre une appréciation importante de leurs valorisations. Outre l’amélioration des conditions de crédit, plusieurs facteurs pourraient favoriser une progression des bénéfices. Jusqu’à présent, l’un des effets les plus notables de l’assouplissement de la politique monétaire de la BCE a été l’affaiblissement de l’euro. Début 2014, la solidité de la devise pesait fortement sur les actions de la zone euro, notamment sur celles des exportateurs. Cette problématique s’est désormais dissipée et la devise devrait se déprécier davantage, d’autant plus que la Réserve fédérale américaine s’apprête à relever ses taux d’intérêt en 2015. L’affaiblissement de l’euro devrait générer une dynamique positive au niveau des bénéfices en 2015.
Les banques offrent un solide potentiel de reprise.
Le secteur bancaire est un secteur majeur où le potentiel d’amélioration des bénéfices est, selon nous, important. Les banques font l’objet de nombreuses pressions, plus particulièrement concernant leur éventuelle recapitalisation. La revue de qualité des actifs récemment menée par la BCE a montré qu’en la matière, le pire est passé et que les banques ne devraient plus hésiter à renouer avec leurs activités de crédit. Comme leurs homologues américaines, les banques européennes devraient voir leurs bénéfices progresser. Avec l’accélération de la croissance du crédit, nos prévisions tablent sur une progression assez marquée de la rentabilité des banques d’ici trois à cinq ans, qui aura ensuite d’importantes répercussions sur leur résultat net.
L’Europe continue d’afficher des valorisations attractives
Penchons-nous aussi sur l’impact potentiel des flux des fonds sur la zone euro. Malgré l’amélioration des flux depuis le plus fort de la crise de la zone euro, nous sommes toujours environ 40% en-dessous des niveaux atteints entre 2001 et 2007; par conséquent, il existe encore d’importantes quantités de liquidités susceptibles d’être réinvesties dans les actions européennes. En outre, les niveaux actuels des valorisations semblent indiquer que les actions européennes demeurent une classe d’actifs attractive. Le marché européen se négocie sur la base d’un PER ajusté du cycle de 16x environ, contre 20,8x pour la moyenne sur 30 ans et près de 27x pour le marché américain, ce qui en fait selon nous une opportunité très intéressante.