L’euro est soumis à d’énormes forces économiques qui pourraient tout autant être très positives pour la monnaie qu’être à l’origine d’une chute encore plus importante.
Après avoir tâté le terrain en juillet, l’euro a de nouveau plongé brièvement sous la parité avec le dollar américain au cours de la semaine passée.
Le passage de l’euro sous la parité est un événement notable. Mais ce qui est peut-être encore plus remarquable, est qu’il est soumis à d’énormes forces économiques qui, en fonction du déroulement des événements au cours des semaines et mois à venir, pourraient aussi bien être très positives pour la monnaie que provoquer une chute encore plus importante. La parité est-elle un seuil que l’euro a résolument franchi ou une limite marquant son point bas?
Des forces interdépendantes
Les paires de devises évoluent principalement en fonction des forces interdépendantes que sont le niveau absolu des taux d’intérêt, les différentiels de taux d’intérêt, les perspectives relatives d’inflation et de croissance, et les flux de capitaux.
Parfois, l’une ou l’autre de ces forces peut dominer, comme nous l’avons constaté dans l’évolution de l’euro pendant la pandémie de COVID-19. Les opérateurs de la paire EUR/USD ont cessé de s’inquiéter de l’impact très incertain de la croissance au cours des premières semaines pour se concentrer pleinement sur le différentiel de taux d’intérêt à partir du second semestre de 2020, ainsi que sur les flux de capitaux hors des actifs en euros durant la reprise fin 2021.
En février, nous pensions qu’une BCE nouvellement belliciste pourrait rediriger l’attention des marchés des changes vers ce qui était alors des prévisions légèrement plus positives pour l’économie européenne par rapport aux États-Unis, et vers la perspective d’un retour du niveau absolu des taux de la BCE en territoire positif.
Nous n’étions pas complètement convaincus, mais nous avons observé que des taux directeurs positifs pouvaient entraîner dans leur sillage des milliers de milliards d’euros d’obligations à rendement négatif, déclenchant un retour des flux outre-Atlantique et un regain de vigueur de l’euro.
Deux semaines plus tard, la Russie envahissait l’Ukraine. […]