IMG
Parachute doré et acquisition :Plus la prime de départ d'un patron est importante, plus les actionnaires sont perdants en cas de rachat

Une augmentation de 10% de la valeur du parachute par rapport aux autres indemnités s’accompagne d’une baisse de 5% des primes de rachat...

Article aussi disponible en : English EN | français FR

Selon une nouvelle étude menée par Cass Business School[1] (Londres) et LeBow College of Business[2](Philadelphie), lors de rachats d’entreprises, les dirigeants qui s’apprêtent à recevoir de généreuses indemnités de départ, ce qu’on appel un «parachute doré», seraient prêts à céder leurs entreprises à un prix moindre, coûtant ainsi des millions de dollars aux actionnaires. L’étude révèle que ces PDG avides cèdent en moyenne leur entreprise 249 millions de dollars (soit 180 millions d’euros) en-dessous de leur valeur réelle.

Menée par le docteur Anh Tran de Cass Business School (City University, Londres) et les professeurs Eliezer Fich et Ralph Walkling du LeBow College of Business (Drexel University, Philadelphie)[3], cette étude s’est intéressée à plus de 850 acquisitions annoncées aux Etats-Unis entre 1999 et 2007.

Les auteurs ont observé l’importance du parachute doré pour les PDG au regard de l’ensemble des autres indemnités qu’ils pouvaient percevoir en cas de fusion, y compris la perte potentielle de revenus. Il a ainsi été démontré qu’une augmentation de 10% de la valeur du parachute par rapport aux autres indemnités s’accompagne d’une baisse de 5% des primes de rachat, ce qui représente une perte moyenne de 249 millions de dollars sur une acquisition type.

Selon le docteur Tran, ces résultats indiquent qu’un parachute plus important pousse certains dirigeants à brader les intérêts des actionnaires. «Nos résultats montrent que quand un PDG se prémunit contre les pertes personnelles grâce à un parachute plus important, les actionnaires eux obtiennent des conditions d’acquisition bien moins favorables. Cela suggère que des parachutes excessifs peuvent pousser certains PDG égoïstes à sacrifier les primes de rachat afin de percevoir les compensations spécifiées dans leurs contrats,» commente le docteur Tran.

Les parachutes dorés ont d’ailleurs récemment été pointés du doigt au Royaume-Uni après que le ministre des Affaires, Vince Cable, a dénoncé les directeurs qui «oublient leur premier devoir dès qu’on agite un gros chèque sous leur nez». Il a ainsi promis une révision des compensations salariales pour l’encouragement des cadres supérieurs. Aux Etats-Unis, l’administration Obama a également imposé des limites aux parachutes dorés afin de réduire les indemnités des dirigeants dans les entreprises renflouées par le gouvernement.

Le docteur Tran ajoute: «Quand une entreprise devient la cible d’un rachat, son PDG doit faire face à un dilemme moral. Il possède une influence directe sur les actions qui pourraient lui permettre d’en tirer partie personnellement au détriment des actionnaires. C’est donc bien l’importance des parachutes qui compte et non leur simple existence

«Si un parachute doré protège un PDG d’une grave perte de niveau de vie lors d’un rachat, il réagit de manière totalement différente s’il est pleinement exposé. Un dirigeant qui reçoit un faible parachute couplé à une perte importante de ses revenus aura bien moins tendance à accepter le rachat de sa société. Au contraire un parachute excessivement généreux au regard de ses indemnités salariales peut le pousser à vendre quelque soit l’offre de rachat.»

Next Finance Mars 2011

Article aussi disponible en : English EN | français FR

Notes

[1] Cass Business School
Situé au cœur de l’un des principaux centres financiers du monde, Cass profite de sa position unique pour être le «hub» intellectuel de la City à Londres. L’école, intégrée à la City University London, délivre des formations innovantes, allant du Bachelor au MBA, avec une réputation d’excellence. Cass offre par ailleurs le plus grand nombre de masters spécialisés en Europe et son Executive MBA est 10ème au classement mondial du Financial Times. L’école encadre également une centaine de doctorants et mène des projets de recherche tournés vers l’avenir et vers l’international. Cass abrite les plus grands départements de finance et d’actuariat d’Europe. Elle est classée dans le top 10 des écoles de commerce britanniques selon le critère de la recherche en business, management et finance. Cass est un lieu où les étudiants, les académiques, les experts de l’industrie, les dirigeants d’entreprises et les politiques peuvent s’enrichir l’un l’autre.
Pour plus d’informations, consulter: www.cass.city.ac.uk

[2] LeBow College of Business
Le LeBow College de la Drexel University est une école de commerce qui possède des programmes de MBA classés à un haut niveau national et qui privilégient l’expérience et l’innovation. Les programmes interdisciplinaires du LeBow College sont accrédités pas l’AACSB international (Association to Advance Collegiate Schools of Business), le plaçant parmi l’élite des 20% d’écoles de commerce à avoir reçu cette distinction. Le LeBow College est considéré comme l’une des meilleures écoles de commerce mondiales par le BusinessWeek, le Financial Times, l’Entrepreneur magasine et le Princetown Review. Pour de plus amples informations rendez-vous sur www.lebow.drexel.edu

[3] Le professeur Ralph Walkling, co-auteur de cette étude, est directeur exécutif du Centre d’Administration des Entreprises (Center for Corporate Governance) du LeBow College. Le professeur Eli Fich, autre coauteur de cette étude, est également membre de ce centre à la pointe de la recherche sur les problématiques d’administration auxquelles doit faire face le monde des affaires et qui est reconnu comme l’un des premiers centres de recherches sur le management effectif et responsable. Les recherches des membres du Centre d’Administration des Entreprises font avancer les connaissances en finance, marketing, comptabilité, comportement des organisations et bien d’autres domaines liés au monde des affaires.

Tags


Partager


Commentaire

Dans la même rubrique