Ce matin l’indice de volatilité du SP500, le VIX, a bondit de 13% pour revenir sur les niveaux du 20 mai. On ne peut pas qualifier ce mouvement de panique mais les marchés restent complètement préoccupés par l’environnement inflationniste actuel et les conséquences en termes de politiques monétaires.
Le taux à 10 ans américains s’est redressé à 3.25% ce matin, son plus haut niveau depuis 2018. Mais les mouvements sont encore plus spectaculaires sur les taux courts: le taux 2 ans américains a grimpé à 3.23% en début de matinée, son plus haut niveau depuis décembre 2007!
En Europe, le rendement du Bund (10 ans allemand) s’inscrit à 1.57%, son plus haut niveau depuis 2014. Mais c’est surtout au niveau des spreads de taux qu’il convient d’être vigilant en zone euro: l’écart entre les taux 10 ans de l’Allemagne et de l’Italie atteint 2.40% ce matin, son plus haut niveau depuis mai 2020, lors de la première vague de Covid. Nous sommes toutefois encore loin des niveaux de stress touchés lors de la crise de la dette en zone euro où cet écart avait dépassé les 5% en 2011 et 2012. Mais la BCE a bien conscience que cet écartement des taux peut devenir problématique et a commencé à baliser le terrain si nécessaire, indiquant que des «instruments» pourraient être utilisés si la fragmentation devenait plus importante, sans toutefois apporter plus de précisions.
Les taux souverains s’écartent aussi entre la France et l’Allemagne, au lendemain du premier tour des élections législatives, même s’il est plus juste d’attribuer cet écartement au ton plus agressif de la BCE la semaine dernière. En effet alors que le spread était stable, légèrement au-dessus de 0.5% les jours précédant la réunion de la BCE, il a commencé à s’élargir à partir de jeudi pour s’afficher ce matin à plus de 0.6%.
Alors que les marchés étaient déjà fébriles après la réunion de la BCE jeudi dernier, le coup de massue est venu des Etats-Unis où la confiance des consommateurs, mesurée par l’Université du Michigan, est tombée à son plus bas niveau depuis la création de cette enquête, c’est-à-dire depuis plus de 40 ans. Evoluant, de fait, sous les niveaux touchés lors de la crise des subprimes on peut toutefois légitimement se demander à ce stade si on n’évolue pas dans un excès de pessimisme, la situation économique et notamment le niveau de chômage, étant très différents des niveaux de la grande crise financière de la fin des années 2000.
L’approche de la réunion de la Fed cette semaine ne devrait pas faire retomber la nervosité sur les marchés actions. La seule bonne nouvelle de la journée vient des matières premières, et notamment le pétrole, qui se replient un peu. A court terme cela traduit, certes, des craintes pour l’économie mondiale mais comme ces craintes proviennent notamment de l’inflation alimentée elle-même par la flambée des matières premières, tout repli plus substantiel des matières premières aurait des effets baissiers sur les anticipations d’inflation, les taux…et donc ferait baisser d’un cran la rhétorique agressive des banques centrales.