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Les grandes manœuvres

L’année 2022 débute dans une atmosphère anxiogène, justifiée par des craintes réelles mais souvent exagérées. Cela ne change pas notre scénario global d’une croissance mondiale robuste, d’une inflation haute qui va décélérer en cours d’année et de taux d’intérêt en progression contrôlée. Des épisodes de volatilité comme celui que nous vivons aujourd’hui sont en revanche probables.

Nous avons donc commencé cette année avec le spectre d’une inflation trop forte, d’une reprise de la pandémie avec son nouveau variant et d’un possible conflit majeur en Ukraine. Sur les deux derniers points il est difficile de trancher avec certitude. Tout au plus pouvons-nous espérer que la recrudescence récente du coronavirus pourrait rapidement prendre fin et donner lieu à une période beaucoup plus calme où nous serions débarrassés (provisoirement ?) de ce fléau. Un tel scénario provoquerait un appel d’air de consommation et une reprise vigoureuse des services. Quant au conflit russo-ukrainien, difficile de lire dans la partie de poker menée par Vladimir Poutine. Une invasion de l’Ukraine serait une mauvaise nouvelle, tant pour la Russie que pour le monde occidental, un vrai scénario perdant perdant. Les bruits de bottes sont souvent une occasion d’achats sur les marchés.

Face à ces risques extra financiers l’inflation apparait comme une menace plus diffuse mais très réelle. Contrairement aux affirmations des banquiers centraux il y a encore quelques semaines, cette inflation n’est pas provisoire, en tout cas pas totalement. Dans l’évolution actuelle des prix des grandes économies il y a une partie conjoncturelle, liée à la hausse des matières premières et aux problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, et une partie structurelle inhérente à l’augmentation des salaires. A titre d’exemple les salaires des personnels non-cadres aux Etats-Unis ont progressé de 7% sur un an. L’inflation conjoncturelle est dépendante de facteurs hypothétiques et transitoires (guerre en Ukraine, pandémie) et on peut penser qu’elle refluera dans le courant de l’année. L’inflation structurelle (ou de second tour) est plus difficile à réduire. C’est cette partie durable de l’inflation que cherchent à combattre les Banques Centrales, à commencer par la Reserve Fédérale américaine. Les récentes communications de l’institution monétaire laissent augurer d’une accélération du mouvement de resserrement en 2022, provoquant les épisodes récents de nervosité et de rééquilibrage sur les marchés.

Il ne faut toutefois pas selon nous avoir une vision pessimiste des mois à venir. Les politiques monétaires vont s’adapter progressivement, mais elles le feront dans un contexte de croissance forte et durable. Nous ne partageons pas le pronostic de stagflation émis par certains économistes. Les trois piliers de la croissance mondiale, consommation, investissement et commerce sont en phase d’accélération, aux Etats-Unis, en Europe et même en Chine, contrairement à ce qui est dit dans beaucoup de publications. Le problème des chaînes d’approvisionnement devrait se résorber petit à petit dans le courant de l’année. Avec une inflation qui devrait atteindre son pic à court terme, on peut donc imaginer un scénario plus favorable à mesure que l’année 2022 avancera. Les entreprises seront par ailleurs en capacité de générer des profits en progression sensible.

Les importantes rotations sectorielles opérées par les investisseurs en défaveur des valeurs de croissance et au profit des valeurs cycliques et financières, ont pesé sur les portefeuilles en janvier. Nous avions procédé à des ajustements fin 2021 mais souhaitions garder une base d’investissement sur ces sociétés de grande qualité dans des secteurs d’avenir (digital, santé, environnement). Nous sommes confiants dans la capacité de ces sociétés à reprendre leur marche en avant et à contribuer positivement sur les performances futures grâce à la qualité de leurs résultats.

Emmanuel Auboyneau Février 2022
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