Les banques centrales accélèrent en ce moment un changement tectonique. Cet été, à Jackson Hole, le président de la Fed, M.Powell, a défini les nouveaux objectifs de la FED: l’emploi inclusif est désormais un enjeu essentiel. Comme il l’a déclaré: «une inflation constamment trop faible peut poser de sérieux risques à l’économie»[1] et l’emploi inclusif[2]est une façon de résoudre ce problème. En conséquence la FED a décidé de se «se concentrer sur l’inégalité»[3]avec une attention particulière portée à l’éducation, sachant que «les personnes qui n’ont pas de compétences avancées ont maintenant moins de possibilités de bénéficier de la technologie qui se retrouve partout dans notre économie.»[4] En conséquence, du point de vue des banques centrales, il est désormais moins question d’inflation, de stabilité des prix, etc. que d’inégalités, d’éducation et de changement climatique.
Il y a seulement trois ans, ces questions auraient pu être perçues comme appartenant à la terminologie des ONGs et seul un nombre très limité d’acteurs du secteur financier y prêtaient attention.
Le fait que les banques centrales mettent ces questions à leur ordre du jour est le signe que tous les acteurs financiers évoluent de plus en plus vers un environnement où ces thèmes occupent une place centrale.
Comment ce nouvel environnement se traduit-il pour les investisseurs?
Depuis un certain temps, la question est de savoir si les entreprises sont gérées de manière durable. Des indicateurs tels que l’attention portée aux employés, le taux d’écart de rémunération, etc. ont été utilisés pour identifier ces entreprises. Ils restent importants, d’autant que les règles comptables ont été établies à une époque où seul le capital financier était considéré comme une ressource rare et qu’elles ne tiennent donc pas compte des autres formes de capital des entreprises.
Maintenant, et de plus en plus, la question est de savoir si les entreprises se comportent comme des prédateurs de la société et extraient une part du bien public au profit des actionnaires. Ou à l’inverse si les entreprises contribuent, par leurs activités, au bien public (tant dans le côté que dans le non côté). En d’autres termes, leurs activités s’inscrivent-elles dans le cadre de la lutte contre le changement climatique? S’attaquent-elles aux lacunes en matière d’éducation qui sont à l’origine des inégalités? Apportent-elles une solution à la problématique de l’accroissement de la population et de la limitation des ressources naturelles en produisant par exemple de la nourriture avec une consommation d’eau limitée?
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) et les fonds d’impact qui combinent rendements et externalités positives, permettent d’aligner les intérêts tant financiers qu’humains des bénéficiaires. CPR, depuis des années, construit méthodiquement une gamme diversifiée portant sur le climat, l’éducation, l’alimentation durable etc.
Les entreprises ne sont pas censées se substituer aux gouvernements dans leur mission de régulation des sociétés. Cependant, elles se sont considérablement développées au cours des 50 dernières années, en s’orientant vers des actifs immatériels et en se trouvant face à certaines limites liées aux ressources naturelles de la planète. Elles sont maintenant confrontées à la nécessité de gérer leur capital sociétal, humain et naturel, alors que dans le même temps, le capital financier est devenu facile d’accès. Une approche coopérative avec la société s’impose de plus en plus comme la seule option possible. Elle se traduit par un alpha sociétal.
En conclusion, les banques centrales envoient un signal clair et fort à tous les investisseurs. Il est de notre responsabilité collective de l’entendre et d’accélérer nos efforts pour inventer la finance d’aujourd’hui. Une finance qui invente de nouveaux outils financiers, qui développe des partenariats innovants au-delà des lignes de fractures classiques et mobilise son ingéniosité pour le bénéfice de tous. Les mentalités ont changé. C’est un appel à l’action pour tous.