La récente révision à la baisse des perspectives de croissance en zone euro par la Commission européenne il y a quelques jours ne plaide pas en faveur de ce scénario: l’institution estime que la croissance européenne sera de 0.8% cette année contre une estimation précédente de 1.2%. Légère révision aussi pour 2025 avec une estimation à 1.5% versus 1.6% estimés en novembre dernier.
La bonne nouvelle en revanche est que les perspectives d’inflation sont aussi revues à la baisse à 2.7% pour 2024 contre une prévision de 3.2% en novembre, la Commission estimant que la pression sur les prix ne sera plus que de 2.2% en 2025, proche de l’objectif de la BCE.
L’Allemagne devrait continuer de sous-performer cette année avec une croissance attendue de seulement 0.3%, après une contraction de 0.3% l’année dernière.
Cet environnement de faible croissance mais avec une pression sur les prix qui diminue offre l’environnement idéal pour des baisses de taux de la part de la BCE. On sent dans les derniers discours de Christine Lagarde et d’autres membres de la BCE que c’est surtout la pression sur les salaires qui empêche l’institution monétaire de baisser les taux (et probablement aussi le fait que la Réserve Fédérale ne montre pas de signe d’imminence de baisse de taux) mais il serait toutefois étonnant qu’une première baisse n’intervienne pas au second trimestre, peut-être pas lors de la réunion d’avril mais probablement plus celle de juin.
La croissance des salaires a légèrement ralenti au quatrième trimestre à 4.5% contre 4.7% au troisième trimestre 2023. Certes il s’agit d’un rythme de croissance encore très largement supérieur à celui observé pré-Covid mais la faiblesse continue de l’activité en Europe offre l’environnement «idéal» à un ralentissement de la progression des salaires en zone euro. C’est probablement ce qui ressortira de la prochaine publication sur les salaires en mai (publication trimestrielle) et déclenchera la première baisse de taux de la BCE en juin.
Si la Chine parvient à envoyer des signaux plus nombreux de stabilisation économique, via notamment ses indices d’activité dans le secteur manufacturier, mais également des signaux plus favorables sur la demande intérieure, cela pourrait lifter l’appétit des investisseurs étrangers pour les valeurs européennes dans un environnement de baisse de taux. Sachant également que l’euro n’est pas très «haut» par rapport au dollar.
Et les actions européennes ne sont pas «chères» comparées aux valeurs américaines. Ce n’est pas nouveau comme constat mais le ratio cours/bénéfice anticipé à 12 mois (P/E forward) du Stoxx600 Europe rapporté à celui du SP500 n’est que de 0.65, très proche de son plus bas historique!
Au cours des 10 dernières années, les actions européennes (Stoxx600 Europe) ont battu la performance des actions américaines (Sp500) à deux reprises, en 2017 et 2022. Et même si ce n’est pas une surperformance extraordinaire à chaque fois, quelques pourcents seulement, cela montre toutefois que ce scénario n’est pas impossible.