Depuis le début cette année, les marchés actions européens sont soumis à de nombreux soubresauts, au gré de l’évolution des marchés actions américains qui semblent les guider indépendamment des fondamentaux de la zone Euro qui sont bons, tant d’un point de vue macro que micro économique. Au 9 avril 2018, l’Eurostoxx DNR est en recul de -1,55% et le SP500 de -2,10% depuis le début de l’année.
Les marchés actions américains ont d’abord négativement réagi début février aux inquiétudes concernant un redressement plus rapide qu’anticipé de l’inflation US, à la suite de mauvais chiffres de la progression du salaire horaire. La crainte était qu’une remontée plus rapide que prévu des taux directeurs de la Fed n’ait des conséquences trop restrictives sur le niveau de l’activité économique et sur les marges des entreprises. Le chiffre de progression des salaires US pour mars, à +2,7% sur un an, perçu comme relativement modéré par rapport au chiffre de +2,9% pour janvier publié début février, a plutôt apaisé les craintes d’accélération de la hausse des salaires.
Puis, depuis quelques semaines, les marchés actions US sont mus par les rebondissements de la guerre commerciale entre les Etats Unis et la Chine, initiée par Donald Trump. A ce stade, les marchés hésitent entre deux interprétations possibles des évènements en cours, soit un bluff lié à la négociation entre les deux superpuissances pour définir un nouveau point d’équilibre entre elles sans changer fondamentalement la nature du système en vigueur, soit une volonté plus profonde de revenir à une logique de zones continentales plus autonomes et commerçant beaucoup moins entre elles. C’est ce cas de figure ci qui inquiète les marchés car il est le plus porteur d’incertitudes. En effet, on ne sait pas dans quelle mesure la réduction du commerce international induite par cette hypothèse, serait compensée par des impacts bénéfiques en terme d’accroissement de l’activité locale.
Enfin, les marchés actions US ont souffert des évènements ayant affecté le secteur des technologiques avec l’Affaire Facebook / Cambridge Analytica, qui a braqué la lumière des projecteurs sur l’importante question de la protection des données privées. Celle-ci, qui est au cœur du business model de la plupart des entreprises du secteur, pose des questions majeures sur les lacunes réglementaires et légales dont certaines de ces entreprises auraient bénéficié jusqu’à aujourd’hui. Les marchés craignent les conséquences sur la valeur de ces entreprises que pourrait avoir la volonté politique de combler ce retard.
Nous pensons que les évènements récents aux Etats-Unis ne remettent pas en cause le scénario fondamental pour l’ensemble de l’année 2018 en Europe, scénario qui est favorable aux actions, et modérément haussier sur les rendements obligataires.
En effet, nous continuons de penser que la croissance de l’activité se maintiendra à un niveau soutenu, mais sans accélération (ainsi que les dernières données d’enquêtes le confirment, l’indice PMI composite final de mars pour la zone Euro s’étant établi à un niveau élevé de 55,2, bien qu’en fléchissement par rapport à février, mais compatible avec une croissance du PIB de +0,6% au T1 2018).
Nous pensons que le redémarrage de l’inflation sera progressif et bénéficiera à la croissance de l’activité en renforçant sa composante nominale.
La Banque Centrale Européenne dans ce contexte continuera de normaliser progressivement sa politique monétaire, en prenant soin de ne pas produire de choc sur l’activité économique. Alors que les taux de rendement obligataires ont baissé depuis le début de l’année, ils devraient sur l’ensemble de l’exercice remonter progressivement, en liaison avec la poursuite du rétablissement des anticipations d’inflation.
Dans ce contexte, sur les classes risquées, l’Europe devrait par ailleurs bénéficier du décalage de cycle économique et monétaire en sa faveur par rapport aux Etats Unis.
Toutefois, des périodes de volatilité continueront de se produire cette année, au gré des publications pouvant affecter à la hausse les anticipations d’inflation, et de la situation politique américaine (avec les élections de mi-mandat en vue) et internationale. Des corrections sur les classes d’actifs risqués pourront ponctuellement se produire, accompagnées de baisse des taux cores.
Ces périodes de volatilité ponctuelles autour de tendances fondamentales inchangées seront autant d’opportunités à saisir pour le gérant de mandat assurantiel, dans le cadre de l’ajustement tactique de la poche de dynamisation des portefeuilles, mais devront faire l’objet de temporisation concernant le réinvestissement des tombées dans les poches obligataires de portage.
La qualité des données fondamentales finira par reprendre le pas sur le politique.