- Une nouvelle recherche révèle que l‘impact des opportunités liées au climat et à la nature sont pour les institutions financières 4,5 fois plus importantes que ceux des risques.
- Le changement climatique influence la quasi-totalité des stratégies et des plans financiers des institutions financières (95%), cependant moins d’un tiers d’entre elles prennent en compte l’impact sur la nature.
- Bien que les objectifs de neutralité carbone et la nature soient fondamentalement liés, seulement 10% des institutions financières mesurent l’impact de la déforestation et de la protection de l’eau.
- Le rapport appelle les institutions financières à renforcer leur responsabilité, à exiger des informations fiables afin de faire évoluer l’ensemble du système financier.
Malgré 72% d’entreprises européennes fortement exposées à la dégradation de la biodiversité[2] à l’échelle mondiale, seulement 1 institution financière sur 10 mesure les impacts liés à la nature, incluant la déforestation et la protection de l’eau.
Ces conclusions ont été publiées dans le nouveau rapport du CDP intitulé «La nature dans la finance verte», qui met en lumière les lacunes dans la façon dont les institutions financières mesurent et gèrent l’impact lié à la nature. Alors que le changement climatique a désormais une incidence sur près de la totalité (95%) des stratégies et plans financiers, moins d’un tiers des institutions financières intègrent la nature dans leur réflexion.
Avec des opportunités liées au climat et à la nature identifiées et rapportées, estimées à plus de 5 000 milliards de dollars, les institutions financières envisagent globalement les impacts positifs potentiels comme étant 4,5 fois supérieurs aux risques identifiés.
Stimulées par la demande des parties prenantes, la plupart des institutions financières capitalisent sur ces opportunités pour offrir des produits et des services aux clients pour lutter contre le changement climatique (81%). Bien que cela constitue une avancée positive, le rapport met en évidence le fait que moins de 30% explorent la possibilité de soutenir les entreprises pour enrayer et contrer la dégradation de la biodiversité.
La nature jouant un rôle essentiel dans la régulation climatique[3], le rapport encourage le secteur financier à adopter une approche intégrée. De plus, le règlement de l’UE sur la publication d’informations en matière de durabilité (SFDR) rend également obligatoire pour les grandes institutions financières la publication des impacts négatifs sur la biodiversité.
Les objectifs de neutralité carbone, auxquels les banques se sont engagées à l’échelle mondiale au sein de la Net-Zero Banking Alliance[4], ne peuvent être atteints sans la préservation des écosystèmes. Bien que 91% des institutions financières surveillent attentivement les questions climatiques au sein de leur Conseil d’administration, seulement 32% d’entre elles traient des facteurs liés aux forêts et/ou à l’eau à ce niveau de décision.
Laurent Babikian, Directeur monde Data Products chez CDP, déclare: «Depuis 2020, les institutions financières ont renforcé leurs actions liées au changement climatique, en les intégrant davantage dans leurs décisions opérationnelles et en capitalisant sur les opportunités. A présent, il est nécessaire que ces institutions élargissent leur perspective au-delà de leurs opérations et de leurs portefeuilles, en prenant en compte à la fois le climat et la nature, afin de préparer l’avenir de leurs investissements. Elles doivent collaborer avec les entreprises, les inciter à définir des objectifs atteignables et scientifiquement fondés. Il est également crucial que ces institutions appliquent ces mêmes mesures au sein de leur propre organisation. Celles qui soutiennent les leaders de demain ont tout à gagner.»
Le rapport expose comment les institutions financières pourraient envisager des solutions de financement vert pour soutenir les entreprises dans leur effort de réduction de l’impact de la déforestation et de la gestion de l’eau. Ces solutions pourraient être des prêts verts liés à des indicateurs clés liés à la nature. De plus, le rapport encourage également à anticiper les futures obligations de reporting, à décarboner les portefeuilles et à atteindre des objectifs de neutralité carbone.
Avec des émissions associées aux investissements et aux prêts des institutions financières en moyenne 750 fois supérieures aux émissions opérationnelles, les objectifs de portefeuille revêtent une importance cruciale. Parallèlement, en 2022, 219 institutions financières (39%) ont fourni des données chiffrées sur leurs émissions financées absolues, par rapport à 84 institutions financières (25%) en 2020.
Cependant, moins d’un tiers des institutions financières (29%) ont fixé des objectifs de réduction des émissions de leurs portefeuilles en lien avec le changement climatique.
En parallèle de la mesure et de la fixation d’objectifs, l’engagement peut jouer un rôle essentiel pour les institutions financières afin de favoriser l’action. Cela inclut la participation aux votes lors des assemblées générales annuelles sur différentes questions, y compris l’intégration des considérations liées à la nature dans les stratégies d’entreprise. De plus, en dialoguant avec les décideurs politiques, les institutions financières peuvent soutenir l’élaboration et l’adoption de politiques, de lois ou de réglementations environnementales intégrées.
Avec le soutien des initiatives des gouvernements, des régulateurs, des superviseurs et des organismes de réglementation, une approche proactive de l’engagement par les institutions financières peut accélérer l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies efficaces qui soutiennent des décisions stratégiques éclairées par les enjeux climatiques et environnementaux. Cette approche peut également catalyser un changement transformateur au sein de l’écosystème financier.