«La baisse considérable des actions chinoises est un signe de la volatilité croissante du marché plutôt que le début d’une forte correction », déclare Lukas Daalder, directeur des investissements de Robeco Investment Solutions.
Des signes montrant que le ralentissement économique de la Chine s’est accentué ont fait plonger l’indice composite de Shanghai. Sur une journée, il a enregistré la perte la plus importante en huit ans. L’indice a ainsi clôturé en baisse de 8,5% ce lundi 24 août. Cette baisse est en partie due à la publication préliminaire de l’indice Caixin (indice PMI des directeurs d’achats chinois). Cet indicateur avancé est passé de 47,8 en juillet à 47,1 en août, le niveau le plus bas atteint depuis mars 2009.
"Le passage d’une économie exportatrice et axée sur l’investissement vers un modèle basé sur la consommation locale est un parcours chaotique", commente Lukas Daalder. "Ce rapport PMI décevant n’est qu’une pièce supplémentaire, il s’ajoute aux éléments qui indiquent que les fissures de l’économie chinoise sont plus importantes que ce que la plupart des investisseurs avaient anticipé. Le marché boursier a déjà été ébranlé par la dépréciation soudaine du renminbi il y a deux semaines. Il s’agit là d’un nouveau choc."
En réaction à la baisse des marchés, la Chine a permis à des fonds de retraite gérés par les gouvernements locaux d’investir jusqu’à 30% de leurs actifs nets dans des actions en direct et des fonds en actions.
Le média du gouvernement chinois a calculé que, théoriquement, cela permettra d’injecter 97 milliards de dollars dans le marché boursier. "Les gouvernements locaux ont tendance à réagir très rapidement à ce genre de changement dans la législation", explique Lukas Daalder. "Nous nous attendons à ce que la Chine prenne des mesures supplémentaires si nécessaire pour calmer les marchés boursiers. Même une nouvelle dépréciation du renminbi ne peut être exclue."
Un choix difficile
Selon Lukas Daalder, le gouvernement chinois fait face à un choix difficile si les actions actuelles ne parviennent pas à créer un climat de marché plus serein. Des interventions supplémentaires pourraient assurer une certaine stabilité, mais ce serait faire un pas en arrière dans la transformation vers un modèle moins axé sur le marché. Il s’agirait aussi d’un dangereux précédent, car les investisseurs s’habituent très rapidement aux mesures d’aides gouvernementales accordées aux marchés financiers. D’un autre côté, sans intervention de l’Etat, la panique actuelle pourrait conduire à une baisse de 20%.
Selon Lukas Daalder, le scénario central est que cette baisse des marchés d’actions chinois est plus un signe de la volatilité croissante du marché plutôt que le début d’une grande correction.
"Les marchés boursiers mondiaux ont connu une progression régulière au cours des deux dernières années qui n’a pas toujours été soutenue par une économie en amélioration. Nous avons déjà prévenu les investisseurs qu’ils devraient se préparer à de grandes variations de prix et à une montée de l’incertitude."
Les effets de la correction sur le marché boursier chinois se font également sentir dans les différentes régions et sur les autres classes d’actifs. " La Chine est devenue une part essentielle de l’économie mondiale, déclare Lukas Daalder. La crainte d’un ralentissement économique exerce une pression énorme sur les prix des matières premières. Le prix du pétrole a chuté à son plus bas niveau en plus de sept ans. Une correction des prix des matières premières annonce généralement de mauvaises nouvelles pour les marchés émergents."
Une correction est source d’opportunités à l’achat
"Les marchés financiers sont déjà assez tendus et, dans ce climat, les investisseurs ont tendance à sur-réagir aux mauvaises nouvelles", explique Lukas Daalder. "En tant qu’investisseur de long terme, nous sommes en train d’analyser les marchés pour voir si les baisses de prix génèrent des opportunités à l’achat sur certains segments."
La correction dans le marché à haut rendement montre par exemple que les investisseurs se préparent déjà à une forte augmentation des défauts, anticipant que de nombreuses sociétés spécialisée dans le schiste ne seront pas capable de survivre à l’effondrement du prix du pétrole. Il y a de bonnes chances que le marché soit dépassé par cette réaction aux prix.
Un autre effet de la panique sur les marchés d’actions chinois est un possible report de la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. La Réserve fédérale a communiqué aux marchés financiers qu’elle entend relever ses taux en septembre. Si les marchés ne se calment pas, elle pourrait décider de retarder cette mesure jusqu’en décembre. "Dans l’ensemble, même si la crise peut se poursuivre pendant un certain temps, en nous positionnant sur le long terme, nous la voyons comme une source d’opportunités à l’achat" , conclut Lukas Daalder.