En réalité, les idées de Keynes font le yoyo (à la mode – pas à la mode – à la mode..) depuis que cet illustre économiste anglais les a formulées dans les années 1930 (Traité sur la monnaie, parue en 1930 et la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, parue en 1936 et représentant son ouvrage majeur)
L’une des idées de Keynes peut être exprimée simplement (et sans doute simpliste pour l’expert): le revenu national = Les dépenses de consommation en biens et services + dépenses de production en biens d’équipement.
Ainsi, puisque les dépenses de consommation dépendent du «pouvoir d’achat» et les dépenses de production de biens d’équipement des «taux d’intérêt», la modification de l’une ou l’autre de ces variables impactera le revenu national (ou PIB).
Dans les années 1960, cette théorie produisit des résultats. Sur fond de craintes de récession plusieurs gouvernements réduisirent les impôts et abaissèrent les taux d’intérêt afin d’une part, d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages pour relancer la consommation, et d’autre part, de favoriser l’investissement afin de relancer la production / innovation. En 1965, le Times intitulait sur l’une de ses couvertures «Now, we are all Keynsians» compte de la situation économique de l’époque.
Cependant, les années 1970 ont vu apparaitre la stagflation, c’est-à-dire une situation ou l’économie souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Situation souvent accompagnée d’un taux de chômage élevé. La théorie de Keynes telle qu’elle était appliquée n’était plus efficace. Comment combattre le chômage et l’inflation en même temps?
En réalité, chaque cycle économique est accompagné d’une réévaluation des théories de Keynes. Certaines d’entre-elles laisseraient supposer que l’économie n’est pas autorégulatrice (ce qui n’est nullement le cas), et qu’en périodes de déflation l’économie pourrait entrer dans un cercle vicieux décrit lors de la Grande Dépression de 1929: la diminution des bénéfices des entreprises industriels (automobiles,…) pourrait conduire à des licenciements massifs provoquant une baisse de la demande, les sociétés d’assurance ne pourraient plus assurer leurs contrats compte-tenu de la faible plus-value de leurs placements et du fameux ratio de solvabilité, ce qui diminuerait encore les bénéfices (marge), etc.
En d’autres termes la situation que nous vivons depuis 2008!
Contrairement aux années 1960, les gouvernements ne peuvent plus réduire l’impôt. Les caisses sont vides, il faut donc les renflouer (on peut légitiment se poser la question de la garantie de l’état lorsque les caisses sont vides!). Mais augmenter les impôts de manière significative des classes qui consomment le plus ne fera qu’aggraver la situation. Mais il y a impôts et impôts (1 point de GSG = 11 milliards Euros de recette!). Quant aux taux d’intérêt, les gouvernements ont compris que cette seule variable pouvait avoir des effets néfastes sur l’économie nationale. En effet, lorsque vous baisser les taux d’intérêt vous prenez le risque de créer des bulles. Et pour savoir l’effet d’une bulle telle que celle immobilière, il suffit de regarder du côté de l’Espagne!
Si l’on en croit l’une des théories de Keynes, le déficit budgétaire d’un gouvernement est une nécessité. Cet économiste libéral dans le sens traditionnel du terme n’aurait pas voté la loi sur l’équilibre budgétaire face à la crise actuelle au grand dam de l’Allemagne. Il souhaitait que les gouvernements utilisent ses théories pour se concentrer sur le plein emploi. Certes il est nécessaire d’avoir une rigueur budgétaire, mais trop de rigueur tue l’esprit d’entreprendre indispensable aujourd’hui. Une politique d’austérité inhibe les deux variables d’une des théories de Keynes présentée en introduction.
Politique d’austérité = diminution des dépenses de consommation en biens et services suite à une augmentation significatives des impôts + diminution des dépenses de production en biens d’équipement suite à une diminution des investissements dans les secteurs de production clé (retour sur investissement trop faible + manque de confiance dans l’avenir) = diminution du revenu national (PIB) ou si vous préférez: absence de création de richesse!
De plus aujourd’hui, contrairement à l’ère keynésienne, un autre vecteur est à prendre en compte: la globalisation. L’ouverture progressive des économies dirige les consommateurs vers des productions étrangères et stimuler la consommation n’encourage que légèrement l’investissement des entreprises nationales.
Autrement dit, si un gouvernement pense dans le contexte actuel, qu’augmenter les impôts de manière significative et diminuer les taux d’intérêt jusqu’à voisiner le zéro, stimulera l’activité: il n’en est rien, la seule conséquence sera l’accélération de la récession. Et lorsque nous serons dans cette situation, qui ouvrira une usine en plein milieu d’une récession! Ce sont là les raisons qui font que la politique budgétaire volontariste tend à être sévèrement critiquée dans le contexte économique contemporain.
Aujourd’hui les principales économies européennes sont dans le même état que lorsqu’une personne a un peu trop abusé d’alcool. Les économies européennes ont la gueule de bois. Et dans ce cas, la seule solution et de serrer les dents et de le supporter jusqu’au retour de la croissance avec le cycle économique naturel. Mais serrer les dents, ne signifie nullement ne rien faire, surtout au niveau européen. L’union européenne a oublié de construire un instrument financier c’est pourquoi il y a une crise de l’euro. Cet instrument financier ne peut pas être fondé que sur la rigueur budgétaire.
Et si Keynes avait la solution pour sortir de la crise?