À la suite des deux précédents volets consacrés à l’investissement financier en période de crise (anticipation et gestion des risques , allocation et investissement alternatif), nous allons nous interesser cette fois à la crise de la zone euro sous ses nombreuses facettes
Une crise de la dette souveraine
Retour précis et détaillé sur les plans de sauvetage depuis mai 2010 des pays en graves difficultés budgétaires au sein de la zone Euro. Comment sont mobilisés ces dizaines de milliards d’euros, à quoi sont-ils destinés et, surtout, ces sommes sont-elles suffisantes pour restaurer(...)
Au commencement, il y’a la crise de la dette sourveraine avec la Grèce et son endettement masqué, suivie de près par l’irlande et son modèle singulier. D’autres pays viendront se rajouter à la liste qui ne cessera dès lors de croître. Bien plus que la longueur de la liste, ce qui inquiète surtout est l’ampleur des difficultés de certains états et les effets de contagions parfaitement illustrés par le cas de la France. Que se passe-t-il? On retrouve des élements de réponses dans une note de Philippe Waechter sur la Grèce ou encore celle de Philippe de Vandière sur l’Espagne. Au dela des politiques individuelles des gouvernements, les économistes en arrivent même à la remise en question du modèle économique occidental.
Une crise financière
Ce phénomène correspond au passage brutal d’un équilibre économique et financier à un autre sans justification par les fondamentaux macroéconomiques mais plutot une modification des anticipations des marchés.
Naturellement, en tant que partenaire majeur des gouvernements, le secteur financier est impacté et fragilisé. Le problème ne serait pas uniquement lié aux dettes souveraines mais aussi aux évolutions réglementaires. Les indicateurs virent au rouge, les repaires sont perdus, de nombreuses interrogations subsistent. La consequence (comme toujours en absence d’information) est alors le début du règne de la rumeur, du soupçon et de la panique. Il faut souligner que l’incertitude est alimentée, d’une part, par des résutats de stress tests bancaires rassurants qui contrastent avec une certaine réalité observée, et d’autre part par des analyses et opinions de professionnels de la finance qui sont aussi sensationnelles que la réflexion de Myron Scholes, «Il faut brûler ou faire sauter le marché des produits dérivés», au sujet de la précédente crise (d’ailleurs, pour certains, la crise actuelle serait tout juste un "remake" du passé). Le lecteur intéressé pourra s’arrêter sur le pétit échantillon suivant:
- La notion financière d’investissement sans risque perd son sens
- Les banques centrales seraient des poubelles
- Nous baignons en pleine irrationalité des marchés et des autorités
- L’euro serait une monnaie étrangère
- Les obligations plus «agitées» que les actions
Une crise sociale
Depuis deux mois, les vagues de licenciements se succèdent dans le secteur bancaire. ABN AMRO, la dernière banque à déclarer un plan de licenciement, supprimera 9% de ses effectifs. Goldman Sachs baissera les salaires…
Comme souligné plus haut, après les états, la crise déstabilise les établissements financiers dans leur fonctionnement. Compte tenu de leur poids dans les indices boursiers, la douleur se diffuse aussi au sein des portefeuilles d’investissements et accentue la pression sur la qualité du service. Par ricochet, le marché de l’emploi (du secteur) est alors impacté. Les annonces (ou soupçons) de suppression massives de postes se succèdent: Deutsche Bank, Crédit Suisse, BNP Paribas annoncent officiellement des coupes franches tandis que le doute plane sur les établissement restés silencieux comme la Société Générale ou le Crédit Agricole. Seul point positif, le tissu économique traditionnel semble mieux résister et contribue à soutenir l’environnement social. Quid de l’année 2012?
Une crise politique
Petit point sur les relations complexes, incomprises, tumultueuses entre marchés financiers et politiques. En ces temps troublés ou les marchés attendent soi-disant des réponses claires de la part des politiques et ou dans le même temps, les mêmes marchés sont accusés de(...)
Les repercutions de la crise sur l’échiquier politique ne sont pas négligeables. A l’échelle nationale, bien avant les actualités récentes Italiennes ou Grecques, il y’a eu dans une moindre mesure le cas de l’Espagne. À l’échelle européenne, l’implication politique et la présence d’un veritable leadership s’avère indispensable car beaucoup ont imaginé un éclatement de la zone même si le scenario est considéré comme dangereux. Petite lueur d’espoir, selon une récente enquête, l’investisseur européen resterait optimiste. Petit nuage noir, si les autorités politiques, réglementaires et monétaires sont appelées à la rescousse pour «sauver le soldat Euro», paradoxalement, les solutions envisagées proposées sont généralement décriées par le monde financier et parfois même jugés inutiles. Recapitalisation, Short Selling, Bâle 3 ou Normes IFRS sont quelques points de divergence. Le consensus n’est sans doute pas pour demain.
Une crise sans diagnostic consensuel
Plus de 4 ans après le début officiel, à l’heure ou tout le monde se demande comment on va sortir de cette interminable crise, revenons un instant sur les vraies origines.
L’incompréhension entre les differents acteurs peut sans doute s’expliquer par la différence dans le diagnostic de la crise. Cet exercice n’est évidemment pas facile. D’ailleurs, les causes de la crise 2007-2008 (usage excessif du levier, prêts hypothécaires à risque, dérivés exotiques, prise de risque démesuré et easy money qui ont engendré la bulle immobilière) ne font pas l’unanimité et des scenarios alternatifs plausibles sont avancés par des personnalités académiques reconnues. Peut on alors trouver une solution si on arrive pas à s’accorder sur les causes? En attendant on peut toujours se contenter de suivre l’évolution du contexte de crise à l’aide de nombreux indicateurs.