Faut-il investir en Chine, la deuxième puissance économique mondiale, qui suscite des sentiments contrastés? Certainement. Mais à condition de le faire pour de bonnes raisons et d’adopter une approche pragmatique. Il s’agit, en somme, de se conformer à l’un des slogans de Deng Xiaoping, le père du décollage économique du Céleste empire dans les années 1980: «Traverser la rivière en tâtonnant pierre à pierre.»
Les bonnes raisons de le faire ne tiennent pas aux performances économiques du pays, spectaculaires jusqu’ici, mais à la présence d’un nombre très important d’entreprises cotées appartenant à des secteurs d’activité variés, richesse que ne reflète pas le faible poids de la Chine dans les grands indices boursiers.
A l’intérieur de cet univers d’investissement très large, encore faut-il se montrer sélectif et s’appuyer comme toujours sur l’analyse fondamentale et la compréhension approfondie des entreprises.
De nombreux secteurs connaissent une très forte croissance attirant de très nombreux capitaux extérieurs, que ce soit pour financer des acteurs déjà en place ou de nouveaux entrants séduits par des promesses de croissance mirobolantes. Cette densité d’acteurs limite de facto le pricing power, et donc la capacité bénéficiaire des entreprises qui les constituent. Mais cette situation évolue parfois et il faut alors savoir intervenir comme dans le domaine de la musique en ligne, où a débuté un mouvement de rationalisation synonyme d’amélioration de la solidité financière des acteurs.
De façon plus générale, il convient d’appréhender avec circonspection les secteurs très consensuels, celui du e-commerce par exemple - où un acteur archi-dominant comme Alibaba est désormais concurrencé –, ou encore le luxe, où les valorisations sont très généreuses malgré des pratiques de vente parfois discutables. En revanche, des occasions sont à saisir dans un domaine comme les jeux mobiles, où les capacités d’innovation sont impressionnantes et qui attire de nombreux talents. Les mesures prises récemment par le gouvernement à propos des contenus et de la consommation par les jeunes de jeux vidéo ne constituent pas un signal négatif, au contraire: elles renchérissent les barrières à l’entrée de ce secteur et favorisent des acteurs de qualité bien installés comme Netease. Autre exemple de secteur digne d’intérêt, celui de la robotique qui voit l’émergence de quelques rares acteurs locaux en capacité de contester la suprématie japonaise.
Enfin, il nous semble important de ne pas axer notre recherche en se basant sur le seul lieu de cotation d’une entreprise. Il est en effet possible de s’exposer au marché chinois et de bénéficier de sa dynamique en investissant dans des entreprises réalisant une large part de leur activité en Chine tout en étant coté boursièrement dans un autre pays. Citons pour exemples Shiseido, le L’Oréal japonais qui est un des leaders du marché après 40 ans de présence ou encore Pigeon, société japonaise leader de produits de puériculture qui réalise en Chine 40% de son chiffre d’affaires et la majorité de ses profits.
Le fonds Sextant Asie lancé en avril 2021 détient 16,2% cotées en Chine continentale ou à Hong Kong dont Netease (jeux vidéo) ou encore Sohu.com (internet) et Ping An Insurance.