La question se pose en raison de l’engagement pris dans le cadre de l’Accord de Paris par les pays participants, à savoir de limiter le réchauffement climatique à un niveau de 2 degrés Celsius de plus que les niveaux pré-industriels d’ici 2100. Cet engagement signifie qu’un maximum de 80% des réserves de carburants fossiles de la planète ne peut être brûlé, entraînant le «blocage» de milliers de milliards de dollars de charbon, de pétrole et de gaz.
Dans la mesure où les réserves de pétrole et de gaz demeureront probablement non utilisées en raison de la transition énergétique en cours, les investisseurs se trouvent confrontés à une question délicate: le moment est-il venu de vendre ces positions à forte intensité en carbone, ou est-ce prématuré? Par ailleurs, les craintes d’avoir à subirdes pertes significatives en raison d’une dépréciation inévitable d’actifs «bloqués» inutiles sont-elles exagérées?
Un avenir faible en carbone
En 2017, les «supermajors» ont commencé à se positionner en faveur d’un futur faible en carbone, avec les majors européennes en tête. En l’absence de feuille de route sur la transition énergétique, des incertitudes demeurent; on ne sait pas avec exactitude combien de temps durera ce processus, ni quelles seront les technologies gagnantes.
Une tendance clairement identifiable est l’investissement accru de ces supermajors dans l’énergie sans carbone. Les géants pétroliers reconnaissent que l’offre pétrolière atteindra un pic vers 2020, avant de baisser de 20% d’ici 2030, en raison de la nécessité de réduire la production pour atteindre les objectifs climatiques de 2 °C. Pour y parvenir, une partie de l’offre sera substituée par des sources alternatives, à l’image des énergies solaire et éolienne.
Les dépenses engagées dans l’exploration de carburants fossiles par les majors pétrolières ont déjà fortement diminué depuis 2014, comme le montre le graphique ci-dessous.