Souvent associé au bon père de famille, le style de gestion «Valeur» consiste à investir dans les actions en fonction de la valeur intrinsèque des entreprises sous-jacentes, pour privilégier les actions «peu chères». Que cette mesure de la valeur intrinsèque de l’entreprise provienne d’un des nombreux ratios comptables ou simplement du ratio entre les dividendes et le cours de l’action ne change pas grand-chose. Principe absolu de justice, optimal dans un monde sans changement où les investisseurs ne regarderaient que les comptes des entreprises dont ils achètent les actions, ce style repose essentiellement sur des mesures et il est, de fait, assez adapté aux gestions quantitatives. Il est aussi porté par la recherche académique en finance, qui a démontré sa surperformance sur longue période, par rapport à l’investissement indiciel.
Cependant, le coté absolu de ce style de gestion est aussi son principal défaut: une entreprise peut avoir une bonne raison de devenir «peu chère», si par exemple un changement exogène a fait disparaître sa source de profit… C’est le «piège de la Valeur».
Le style «Croissance» est souvent opposé au style «Valeur» car il part d’un postulat très différent. Il néglige le passé de l’entreprise, pour se concentrer, avec courage, sur la croissance des résultats à venir. C’est souvent un style appliqué par des gérants humains, plus à même de jauger l’avenir que de simples algorithmes. Mais il peut aussi être simulé avec succès en utilisant les votes des analystes, disponibles pour les analyses quantitatives. Ce style a un côté optimiste, puisqu’il suppose que le monde va évoluer, en conformité avec ce qui en est déjà visible. Le concept de GARP («Growth At Reasonable Price») consiste à combiner ces deux approches différentes pour investir dans des actions à la fois peu chères et aux perspectives intéressantes. Warren Buffet, l’investisseur le plus célèbre de la planète, est supposé pratiquer ce style, qui peut donc logiquement sembler être le Graal de la gestion action…
D’un point de vue quantitatif, ces deux styles ne sont pas les seuls à présenter des performances intéressantes, ni même les plus antagonistes dans leurs approches.
Le style «Défensif», qui consiste à investir dans les actions les moins volatiles, présente des caractéristiques atypiques désormais bien comprises: en raison de l’anomalie de faible volatilité, largement documentée par la recherche académique tant sur ses effets que sur ses causes comportementales, ce style permet en effet de surperformer le marché sur longue période tout en réduisant le risque absolu de l’investissement en actions.
C’est un style à la fois contrariant et contre-intuitif, impossible à pratiquer pour un gérant humain. C’est aussi le style le plus opposé au courage du style «Croissance», la corrélation de leur surperformance étant de l’ordre de -30%, là où le style «Valeur» était de +30%...
Le style «Opportuniste» ou «Momentum», consistant à suivre les tendances sur des horizons de moyen terme, est un autre style purement quantitatif s’expliquant par le comportement des investisseurs. N’ayant aucune forme d’a priori absolu, ce style complète bien le style «Valeur», en particulier pour éviter le «piège de la valeur». Sa corrélation avec le style «Valeur» est presque de -40% (chiffres en rouge sur le graphe).
Par rapport à l’analyse classique «Valeur» contre «Croissance», l’ajout de 2 angles d’analyse sur les deux styles contrariants que sont les styles «Défensif» et «Opportuniste» (cf. graphe ci-dessous) est donc de nature à donner une bien meilleure vision du style d’un portefeuille, et permet de mixer des portefeuilles beaucoup plus neutres, pour un niveau de risque donné.