Everything’s Okay! C’est en substance le message de J. Powell. Certes, la guerre en Ukraine crée de nombreuses incertitudes mais, sinon, tout va bien. L’économie est très robuste, le marché de l’emploi extrêmement solide, tout comme les bilans des entreprises… et ceux des banques. A écouter J. Powell on aurait pu se demander si ce que nous avons traversé depuis deux semaines s’était bien produit. Car, de la crise bancaire, il n’a quasiment pas été question, sinon une fugace et pudique évocation des tensions financières en présence susceptibles de peser sur le marché du crédit et, éventuellement, la croissance. Priorité à l’inflation, donc, au sujet de laquelle la FED n’est manifestement pas satisfaite et assez largement convaincue que la bataille n’est pas terminée. Enfin, à la révision près du «wording» de son communiqué….
Les questions réponses apportent néanmoins quelques précisions. Si rares ont été les interrogations sur la crise bancaire, le sujet finalement abordé, la confirmation a été donnée que la FED a effectivement envisagé une pause après la faillite de SVB et de Signature, avant d’en décider autrement ce jour. La stratégie de la BCE a-t-elle exercé une influence sur ce choix, censé rassurer? Personne ne peut l’affirmer mais il est tentant de le penser.
Mais le plus frappant de l’intervention de J. Powell est ailleurs, en l’occurrence, dans la disparition de sa confiance dans la décrue de l’inflation, au sujet de laquelle il est, à l’évidence, beaucoup plus incertain et nettement plus vague que ces derniers mois et aligne, surtout, les arguments en faveur de sa persistance que l’inverse. Son diagnostic a manifestement été ébranlé par les données récentes qu’il rappelle observer au mois le mois plutôt que sur un an, compte-tenu des effets de base… Une question vient alors assez spontanément à l’esprit: de combien la FED aurait-elle relevé le niveau des Fed Funds si elle n’avait pas été retenue dans son envol par les défaillances bancaires de ces derniers jours: 50 points de base, 75 pb? Et combien de hausses ou d’accélération de la réduction de son bilan aurait-elle signalé?
En somme, la crise bancaire ne semble pas avoir modifié le diagnostic délivré par J. Powell devant le Sénat 24 heures avant les premiers craquements de SVB. Mais pourquoi dans ce cas, avoir retiré de son communiqué l’avertissement tant de fois mentionné selon lequel des "augmentations continues" des Fed Funds seraient nécessaires pour maîtriser la flambée de l’inflation, pour le remplacer par "un resserrement supplémentaire de la politique pourrait être approprié" pour ramener l’inflation à l’objectif de 2%?
Nous n’avons pas la réponse mais une certitude: la visibilité de la FED est assurément très faible et cela n’a pas échappé aux marchés qui ont largement hésité sur l’interprétation qu’ils devaient avoir de cette communication, avant d’être entraînés plein sud par le secteur bancaire. La FED ne semble pas avoir réussi à rassurer.