Alors que va débuter 2018, la dette émergente devrait continuer à bénéficier de l’amélioration des conditions macroéconomiques, selon Alejandro Arevalo, gérant sur la dette émergente chez Jupiter. "Certains pays, cependant, doivent faire face à la fois à un risque politique et stratégique exacerbé et au resserrement des spreads" ajoutet-il. "Avec des niveaux de valorisation si élevés, les actifs risqués semblent vulnérables maintenant que les banques centrales essayent de resserrer la politique monétaire".
Les économies des marchés émergents ont fortement bénéficié de la reprise mondiale de 2017, et selon nous, cette forte croissance devrait continuer en 2018. L’inflation dans la plupart des pays développés restant relativement basse et ses perspectives stables, nous pensons que les banques centrales vont adopter une approche plutôt conciliante qui devrait continuer à soutenir les économies émergentes. Dans ce contexte, l’écart entre la croissance des marchés émergents et celle des marchés développés devrait s’agrandir encore.
Les fondamentaux économiques se sont franchement améliorés depuis le tristement célèbre "taper tantrum" de 2013. Bien que toutes les économies émergentes n’aient pas nécessairement évolué de la même manière, ces améliorations ont été suffisamment importantes pour que la classe d’actif soit maintenant plus résistante aux chocs extérieurs. Les déficits des balances commerciales devraient être beaucoup moins préoccupants en 2018 étant donné qu’ils se sont bien améliorés dans toutes les économies de la zone, notamment dans les fameuses "cinq fragiles" (Inde, Brésil, Turquie, Afrique du Sud et Indonésie). Selon nous, l’inflation globale a vraisemblablement atteint un niveau plancher dans de nombreux pays et nous pensons qu’elle va revenir à un niveau qui restera malgré tout inférieur aux objectifs des banques centrales. Parallèlement, des taux d’intérêts plus bas devraient créer un environnement plus favorable aux entreprises.
Même si le contexte économique est solide, nous restons particulièrement attentifs à un certain nombre de risques.
En premier lieu, plusieurs pays de la zone étant au beau milieu d’un processus de réformes structurelles, l’agenda électoral chargé de 2018, notamment en Amérique Latine, pourrait jouer un rôle prédominant sur le sentiment du marché pendant toute la période précédant les élections. Deuxièmement, la Réserve Fédérale prévoit quatre hausses de taux en 2018. Nous ne pensons pas que cela devrait poser de grands problèmes pour la classe d’actif, cependant nous devons rester vigilants quant à un aplatissement supplémentaire de la courbe des taux. Nous devrions assister à un léger resserrement des spreads l’an prochain étant donné que les économies des pays émergents devraient continuer à bénéficier de meilleurs fondamentaux et de valorisations relativement intéressantes.
A l’approche de 2018, l’Amérique Latine est la région qui offre, selon nous, les meilleures perspectives pour l’année à venir. Ceci étant dit, nous sommes conscients des risques, étant donné le grand nombre d’incertitudes auxquelles la région devra faire face l’an prochain, c’est-à-dire l’ALENA, les élections (plus particulièrement au Brésil, au Mexique et en Colombie), ainsi que les incertitudes planant sur la restructuration de la dette vénézuélienne prévue l’an prochain. Nous pensons, néanmoins, que les fondamentaux des entreprises vont continuer de s’améliorer, stimulés par une croissance plus forte dans la région, avec des prix des matières premières stables, ou potentiellement plus élevés, et un taux de défaut limité. D’une manière générale, l’Amérique Latine offre un profil de rendement/ risque plus intéressant si on le compare avec celui des autres marchés émergents ou bien des marchés développés.
Après les formidables rendements de la Russie en 2015 et 2016, les valorisations se sont significativement resserrées. Néanmoins, la Russie remplit toujours les deux critères qui nous paraissent importants lorsqu’il s’agit de perspectives économiques: une politique intérieure stable et une politique monétaire crédible. Bien que des élections vont avoir lieu en 2018, il est peu probable que le pouvoir en place et l’orientation politique changent. En conséquence, nous privilégions les opérations de carry trade sur la dette d’entreprises stables en Russie.
Concernant la Turquie, sa vulnérabilité aux facteurs extérieurs est évidente étant donné sa sensibilité à une actualité parfois sans rapport. Certaines banques ou entreprises turques qui nous semblent avoir des fondamentaux stables, paraissent être, selon nous, de bonnes opportunités. Nous restons cependant prudents à cause des risques entourant les procès en cours aux Etats-Unis et des incertitudes concernant la politique monétaire.
Enfin, les obligations ukrainiennes ont connu de très belles performances en 2017, aidées par le maintien du programme du FMI qui a soutenu le rétablissement progressif de l’économie du pays. Néanmoins, de nombreuses réformes sont encore sur l’agenda des relations entre l’Ukraine et l’Union Européenne et l’incertitude persiste quant à celles qui aboutiront.
Toujours est-il que le solde de réserve du pays est suffisant pour couvrir la dette à échéance 2018, et en conséquence, nous considérons les obligations souveraines ou corporate dont les durations sont les plus courtes comme étant les plus intéressantes.