La décision d’investir selon un prisme ESG ou de chercher à réduire le risque climat de son portefeuille peut s’accompagner de biais non nécessairement désirés par l’investisseur. Ce choix conduit en effet très fréquemment à surpondérer (ou à sous-pondérer) des zones géographiques, des secteurs ou encore des types d’entreprise, et cela peut avoir un impact bien réel sur les performances. Rien de grave lorsque ces biais permettent de surperformer la cote. Mais ils deviennent un problème dès lors que les caractéristiques de ces valeurs jouent à rebours. Ce fut récemment le cas avec les valeurs de croissance, structurellement sur-représentées dans les portefeuilles ESG, mais dont la hausse des taux d’intérêt depuis l’année dernière a provoqué un brusque réajustement des valorisations. Même constat pour les valeurs midcaps, généralement sur-représentées dans les titres éligibles à ce type de gestion, mais qui ont souffert d’un fort mouvement de décollecte depuis plusieurs années. Pour des raisons inverses, des valeurs structurellement peu ESG, comme celles de l’énergie, ont été comparativement performantes sur la même période. Bref, la cyclicité des biais d’investissement génère une volatilité et un risque supplémentaires qui risquent de détourner certains investisseurs de la gestion ESG.
Les indices ESG ou climatiques ne font que reproduire ces biais
Pour autant, les investisseurs sont-ils contraints choisir entre le financier et l’extra-financier? Pas nécessairement. Un moyen est de mesurer ces biais, puis de les corriger en surpondérant les meilleurs élèves issus des secteurs ou des styles structurellement sous-représentés. Cela permet de créer un facteur ESG ou climat, selon l’objectif recherché, plus pur et indépendant des autres risques. Cela permet également aux portefeuilles de se rapprocher des caractéristiques des grands indices de marché en limitant les déviations en matière de style et de secteur. Reste à identifier ces valeurs potentiellement correctrices, c’est-à-dire celles qui offrent un profil extra-financier attractif et un profil financier complémentaire des champions ESG «classiques». Le profil des entreprises évolue dans le temps mais par le passé des entreprises comme Johnson Controls, CVS Health, General Mills ou même Owens Corning ont pu apporter une réelle contribution positive dans les périodes difficiles pour les gestions ISR souvent du fait d’un profil plus value et de niveaux de croissance attendue moins spectaculaire.
Cette logique de construction de portefeuille permet à l’investisseur d’obtenir un portefeuille ayant des caractéristiques ESG et / ou climatique très supérieures à celle du marché dans sa globalité sans pour autant avoir à subir des à-coups de performance associés aux divers biais affichés par une grande majorité de gestions ESG.
Au vu de la cyclicité croissante des écarts de performance entre les valeurs réputées les plus durables et la moyenne de la cote, ce type d’approche apparaît pertinent pour élargir le développement de la gestion ISR.