Après les Etats-Unis et la Chine, le Japon est venu nous rappeler que le problème de la dette de la zone euro concerne le monde entier. Un appel à plus de solidarité que les Européens eux-mêmes, Allemands en tête, ont eu beaucoup de mal à entendre en 2010. Plus qu’un discours sur la vertu de finances publiques saines, c’est une solution collective, urgente et massive qui est aujourd’hui requise.
Imaginez un accidenté de la route à qui les secouristes viendraient rappeler les principes du code de la route avant de lui prodiguer les soins de premier secours. La situation de la zone euro est un peu similaire. Avant de mettre les pays de la zone euro devant leurs responsabilités (maîtrise des déficits publics), il faut que l’Europe comprenne collectivement qu’elle doit employer les grands moyens pour ramener les spreads de crédit à des niveaux plus normaux.
Dès le printemps dernier, Tim Geithner est venu rendre visite à Angela Merkel pour accélérer la recherche d’une solution au problème de la dette souveraine au sein de la zone euro. On a vu également les autorités chinoises afficher leur soutien par des achats d’obligations ou des initiatives économiques à la Grèce et au Portugal. Les Japonais enfin ont indiqué leur intérêt pour les émissions des nouvelles entités européennes. Pour autant, les autorités européennes, parfois préoccupées par des échéances électorales, ont tardé à prendre des initiatives suffisamment fortes. Il se trouve heureusement, même en Allemagne, des voix qui s’expriment pour signaler le caractère indispensable d’une action décisive.
Pourtant, des solutions raisonnables existent: augmentation des moyens du fonds européen de stabilité financière ou de son successeur (EFSM) et création ultérieure d’une agence européenne de la dette susceptible de prendre en charge collectivement jusqu’à 80% du financement des Etats membres de la zone euro (via des euro-obligations), laissant la gestion directe des 20% restants aux Etats. Ces solutions ne dispensent pas d’un meilleur contrôle des finances publiques de chaque Etat. Mais ces efforts ne peuvent être réalisés du jour au lendemain. En attendant, il faut gérer l’urgence.
Gérer l’urgence, cela signifie également que la Banque centrale européenne achète des titres de dette publique dans des proportions bien plus significatives qu’elle ne l’a fait jusqu’ici (nous raisonnons ici en centaines de milliards d’euros). Car les achats de la BCE réalisés à ce jour n’ont eu aucun effet sur les spreads de taux. Si la BCE était intervenue sur des montants comparables à ceux de la Banque d’Angleterre elle aurait acheté 1.300 milliards d’euros, ce qui représente davantage que la dette cumulée de l’Espagne, de l’Irlande, du Portugal et de la Grèce.