Relativement épargnés depuis plusieurs mois, les marchés financiers européens renouent avec les séquences de stress qui paralysaient les investisseurs en fin d’année 2011. La dangereuse accélération des tensions sur la dette espagnole, dont le taux à 10 ans pourrait atteindre le seuil significatif de 6% dans les prochaines heures (contre encore seulement 4.5% en février), fait trébucher de très larges segments de la cote depuis quelques séances. Exposées aux flux vendeurs des investisseurs, les valeurs financières et cycliques sont en souffrance: Crédit Agricole -9.77% sur les cinq dernières séances, BNP Paribas -7.9%, Société Générale -7.5%, Peugeot -9.10%, Saint-Gobain -5%, Cap Gemini -4.3%.
Inversement, le regain d’aversion au risque bénéficie aux traditionnelles valeurs refuges, dollar en tête. Pleine expression du découplage en cours, le rappel de forces contradictoires entre maintien de l’activité américaine et difficulté de la zone euro à résorber ses déficits, soutient le billet vert face à la monnaie européenne. Désormais à 1.3075$, l’euro vient de chuter de 300 pips sur la semaine. D’autres actifs prudents tels que le Bund, le T-Bond US ou même l’OAT française (l’émission obligataire française du jour s’est bien déroulée, avec un taux en très légère augmentation) sont recherchés. Sur les marchés d’actions, seules des valeurs de grande qualité comme LVMH, EADS, Essilor ou Gemalto bénéficiant d’une judicieuse diversification à la zone euro grâce à leur activité sur les marchés émergents ou aux Etats-Unis, font preuve de résilience.
La correction baissière des deux dernières semaines sonnait jusqu’alors comme une logique respiration, de nature temporaire. Aujourd’hui force est de constater que le risque de crédit est de retour en zone euro. Le niveau des CDS (à 5 ans) sur l’Espagne, au plus haut depuis novembre (à 460 points) en témoigne. Une dégradation de la qualité de la dette ibérique qui pourrait inciter les dirigeants de la zone euro à déclencher rapidement le mécanisme de stabilité européen. Au-delà de 6% le financement de la dette espagnole ne serait plus supportable pour le pays.