Les actifs des fonds d’obligations durables ont été multipliés par 11 au cours de la dernière décennie, atteignant 516 milliards de dollars au niveau mondial à la fin de 2022, dont 23% concernent des fonds passifs.
Les fonds d’obligations vertes constituent le segment le plus mature de cet ensemble, tant en termes d’encours que d’ancienneté, mais ils ont jusqu’à présent connu des fortunes diverses, avec une sous-performance significative en 2022, due en grande partie à leur duration plus longue que celle de leurs homologues traditionnels. Par ailleurs, les obligations sociales, durables et les Sustainability-Linked bonds ont constitué un terrain moins propice pour le lancement de fonds dédiés.
Evolution sur 10 ans des fonds d’obligations durables au niveau mondial
"Jusqu’en 2022, les fonds d’obligations vertes ont connu une période relativement calme de rendements positifs et de faible volatilité par rapport aux produits obligataires conventionnels. Cette relation s’est toutefois inversée l’année dernière, les fonds d’obligations vertes ayant enregistré des pertes plus importantes et une plus grande volatilité en 2022, en raison de la duration moyenne supérieure des obligations vertes." explique Mara Dobrescu, Responsable de la recherche des fonds obligataires, Morningstar.
Lancement de fonds d’obligations durables sur 10 ans
Les principales conclusions de l’étude sont:
- La collecte en faveur des fonds d’obligations durables a ralenti en 2022 mais est restée positive, alors que les fonds d’obligations traditionnels ont connu des retraits massifs dans un environnement de marché difficile.
- Les investisseurs obligataires disposent d’une large palette d’approches durables, notamment des approches d’exclusion et des fonds axés sur les obligations à impact. Sur le thème de l’impact, les fonds investissant dans des obligations vertes, sociales, durables et les Sustainability-Linked bonds constituent le principal vecteur d’investissement.
- Les obligations vertes, qui participent à financer des projets environnementaux, sont de loin le segment le plus mature de l’univers des GSS+ (représentant environ deux tiers du marché), avec des émissions régulières et une représentation accrue des marchés émergents en plus des émetteurs traditionnels des marchés développés. Sans surprise, les fonds d’obligations vertes constituent le groupe le plus important identifié dans le cadre de cette étude, avec plus de 100 fonds actuellement disponibles sur le marché au niveau mondial.
- 56% des fonds d’obligations durables dans la base de données Morningstar ont une note de durabilité Morningstar, Morningstar Sustainability rating, de 4 ou 5 globes, ce qui suggère que leurs caractéristiques de durabilité sont crédibles. Si l’on prend l’ensemble des fonds spécialisés dans les obligations GSS+, ce chiffre s’élève à 83%.
- Les obligations sociales, destinées à financer des projets sociaux, en sont encore à leurs débuts (elles représentent environ 20% du marché des GSS+ bonds) et ne sont ciblées que par un groupe de fonds de niche (12 fonds identifiés dans la base de données de Morningstar, dont peu ont un historique de performance suffisamment long pour être significatif).
- Les Sustainability bonds, qui financent un mélange de projets environnementaux et sociaux, représentent également environ 20% de la dette GSS+ existante. Elles sont présentes dans certains fonds généralistes d’obligations à impact, mais nous n’avons pas identifié de fonds spécialisés dans ce domaine.
- Les Sustainability-linked bonds, ou SLB, représentent moins de 10% de l’univers GSS+. Ce nouveau type d’émission obligataire applique une pénalité (généralement une augmentation du coupon) si l’émetteur n’atteint pas certains objectifs ESG. Bien qu’elles aient été initialement présentées comme la prochaine grande nouveauté en matière d’investissement d’impact, les SLB n’ont pas été largement utilisées par les gestionnaires de fonds d’obligations d’impact.
- Les Transition bonds, qui représentent moins de 1% de l’ensemble des émissions GSS+, financent des projets dans des secteurs structurellement difficiles à décarboniser, tels que l’acier ou les produits chimiques, mais leur croissance a été freinée par l’absence de normes reconnues au niveau international en matière de financement de la transition.
- Les investisseurs qui souhaitent ajouter des fonds d’obligations vertes à leur portefeuille doivent rester conscients des biais inhérents à l’univers. Les titres ont, notamment, une duration globalement plus longue que celle de l’univers obligataire traditionnel. Il existe une surreprésentation des obligations d’entreprises, des obligations d’agences gouvernementales américaines et des obligations supranationales au détriment des obligations souveraines. Enfin, sur un plan sectoriel, la finance et des services publics sont surreprésentés au détriment du secteur de l’énergie. Ces différents biais peuvent avoir un impact important sur la performance relative, du moins à court et moyen terme.
- Un point positif pour les investisseurs est que les fonds d’obligations à impact n’ont pas, en moyenne, été vendus avec des frais de gestion plus élevés que leurs homologues traditionnels. En Europe notamment, il existe des ETF d’obligations vertes passifs bien construits, qui permettent aux investisseurs qui souhaitent vraiment accéder à la classe d’actifs de le faire à des coûts très raisonnables.