Suite à la publication du nouveau rapport du Haut Comité Juridique de Place sur les résolutions climatiques Say on Climate et à la veille de la saison des assemblées générales 2023, le FIR, avec 46 signataires français et européens qui gèrent collectivement près de 3 000 milliards d’euros d’actifs, réitère ses attentes au sujet des résolutions «Say on climate».
Cette tribune s’inscrit dans la suite de celle signée en mars 2022 et appelle notamment les entreprises à soumettre régulièrement au vote de leurs assemblées générales un plan climat complet, et les pouvoirs publics à faciliter ce dialogue.
Le "Say On Climate" s’inscrit comme un prérequis pour un dialogue actionnarial de qualité jugé indispensable afin que le secteur financier puisse accompagner les entreprises dans leurs efforts de décarbonation de leurs activités. Pour répondre à leurs propres obligations en matière de gestion des risques climatiques, 47 acteurs de l’écosystème financier appellent les entreprises des secteurs les plus polluants à systématiser la mise à l’ordre du jour de résolutions climatiques lors des Assemblées générales d’actionnaires.
LA TRIBUNE:
46 détenteurs, gestionnaires d’actifs, parties prenantes de l’industrie financière et le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) se mobilisent pour appeler à une amélioration du dialogue actionnarial et pour s’associer aux efforts des entreprises dans l’accélération de la transition énergétique.
Dans la continuité des prises de position portées par le FIR depuis 2021[1], nous réitérons dans la présente Tribune nos convictions et nos attentes au sujet des résolutions «Say on Climate».
L’urgence climatique s’intensifie, et la responsabilité du secteur financier pour l’atténuer est majeure. En tant qu’investisseurs, nous avons un rôle crucial à jouer dans l’orientation rapide de l’économie mondiale vers un modèle plus sobre en ressources naturelles, plus juste socialement, et moins dévastateur pour l’environnement.
De plus en plus de nos clients ou affiliés, qu’ils soient investisseurs, épargnants, allocataires ou cotisants, sont soucieux de l’impact et de la valeur de leurs actifs au regard des enjeux climatiques. Nous y répondons en responsabilité par l’adoption de politiques ambitieuses pour la gestion de nos portefeuilles via une sélection de titre plus exigeante, un engagement renforcé, un arrêt de nouveaux financements, ou via des critères d’exclusion dans certains secteurs très émetteurs, notamment dans les énergies fossiles.
Nous sommes aussi conscients de notre rôle dans le financement de la transition énergétique. Nous ne négligeons pas le pouvoir de nos investissements dans le développement de modèles plus sobres en ressources et dans le déploiement des énergies renouvelables. C’est pourquoi nous allouons des ressources à des équipes dédiées à la finance durable, et nous renforçons notre niveau d’exigence vis-à-vis des entreprises en portefeuille.
Cependant, le niveau d’exigence des engagements de neutralité carbone à horizon 2050 qui foisonnent dans les milieux économique et financier demeure insuffisant au regard de l’objectif de limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C. Seules des actions précises, avec un impact matériel sur toute la chaîne de valeur, et ce dès les prochaines années, pourront garantir le respect de nos propres engagements.
Le dialogue actionnarial est à cet égard un formidable levier d’action. Il nous offre une opportunité de concrétiser nos engagements en matière de décarbonation et d’investissement responsable grâce à un travail conjoint avec les entreprises dans la définition de leurs propres trajectoires de baisse des émissions de gaz à effet de serre et dans le développement d’activités vertueuses.
L’élaboration de plans complets, dont la mise en œuvre doit être rigoureusement évaluée, doit faire l’objet d’un dialogue nourri, sur la base d’informations fiables, à travers des consultations régulières entre les directions, les administrateurs et les actionnaires.
C’est pourquoi nous appelons les entreprises des secteurs les plus polluants à systématiser la mise à l’ordre du jour de résolutions climatiques lors des Assemblées générales d’actionnaires. C’est le prérequis pour un dialogue actionnarial de qualité puisqu’il met à disposition des outils pour juger objectivement de la crédibilité des stratégies climatiques des entreprises, ainsi que de leur bonne mise en œuvre.
Plusieurs entreprises ont déjà fait le choix de soumettre leur plan climat au vote des actionnaires via le «Say on Climate», mais nous regrettons que leurs contenus demeurent souvent trop lacunaires. Sans objectifs clairs de décarbonation à échéances courtes, égrainés le long d’une trajectoire conforme à l’objectif de limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C, l’incomplétude de certains plans climat peut refléter un manque d’ambition – voire une inaction – susceptibles de générer et de justifier le rejet de ces plans.
Sans informations claires et précises, nous, investisseurs, ne pouvons répondre de nos propres obligations en matière de gestion des risques climatiques. Il nous est aussi plus difficile de peser et d’accompagner l’indispensable transformation des entreprises.
Afin de garantir la réussite du dialogue actionnarial, les «Say on Climate» de la saison 2023 doivent donc comprendre des informations claires et complètes nous permettant de juger de la crédibilité des engagements climatiques des entreprises, notamment par la publication d’objectifs de baisse des émissions absolues sur les scopes 1, 2 et 3 à court, moyen et long terme et des actions visant à permettre l’atteinte de ces objectifs. Cela passe par l’apport de précisions quant à l’allocation des dépenses d’investissement, permettant par exemple de mesurer les efforts déployés dans le secteur de l’énergie pour soutenir le développement des solutions décarbonées et la baisse progressive des énergies fossiles dans le mix énergétique.
Pour tous les secteurs, il est crucial que soit priorisée la réduction des émissions induites et que soit précisé le rôle des émissions capturées ou négatives dans la stratégie générale. Si les émissions capturées doivent être présentées distinctementé des émissions induites dans les objectifs de décarbonation, les mesures de compensation n’y ont pas leur place et doivent être considérées comme des contributions à l’effort d’atténuation du changement climatique.
Nous appelons également les pouvoirs publics à poser un cadre légal clair visant à généraliser le « Say on Climate » ainsi que, au nom du droit à l’information des investisseurs, harmoniser son contenu et faciliter les initiatives actionnariales permettant la recherche d’informations supplémentaires. Confiants dans la capacité des entreprises à jouer pleinement leur rôle dans la transition énergétique, nous espérons que l’année 2023 ouvrira une nouvelle ère du dialogue actionnarial, et permettra ainsi à l’ensemble du secteur financier de se hisser enfin à la hauteur de l’urgence climatique.
LISTE DES SIGNATAIRES:
FORUM POUR L’INVESTISSEMENT RESPONSABLE
Nathalie Lhayani, Présidente
AÉMA GROUPE
Adrien Couret, Directeur Général
AMIRAL GESTION
Nicolas Komilikis, Directeur Général
AMPLEGEST
Marie Saltiel, Directrice Générale
ASSICURAZIONI GENERALI S.p.a GROUP
Francesco Sola, Head of Group Sustainable Investments & Governance
ASSURANCES DU CRÉDIT MUTUEL
Nicolas Govillot, Directeur Financier
CANDRIAM
Wim Van Hyfte, Directeur Global des investissements et de la recherche ESG
CHAHINE CAPITAL
Charles Lacroix, Directeur Général
COMGEST
Arnaud Cosserat, Président Directeur Général
CRÉDIT MUTUEL AM
Claire Bourgeois, Directrice Générale
DORVAL AM
Jean-François Baralon, Directeur Général
ECOFI
Cesare Vitali, Responsable de la recherche ESG et du développement ISR
EDMOND DE ROTHSCHILD AM
Benjamin Melman, Global CIO
EGAMO
Nicolas Demont, Directeur Général
EIFFEL INVESTMENT GROUP
Fabrice Dumonteil, Président
ERAFP
Laurent Galzy, Directeur Général
ETHOS FOUNDATION
Vincent Kaufmann, Directeur Général
EURIZON CAPITAL SGR
Alessandro Solina, Chief Investment Officer
FRR
Yves Chevalier, Membre du Directoire
GROUPAMA AM
Mirela Agache, Directrice Générale
IRCANTEC
Christophe Iacobbi, Président du Conseil d’administration
LA FINANCIÈRE DE L’ÉCHIQUIER
Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué et Directeur de la Gestion d’Actifs
LA FINANCIÈRE RESPONSABLE
Stéphane Prévost, Directeur Général
LAFFITTE OLIVIER, Avocat Associé, Deyla Partners
LA FRANÇAISE GROUP
Laurent Jacquier-Laforge, Global Head of Sustainability
LBPAM
Emmanuelle Mourey, Présidente du directoire
MAIF
Carole Zaccheo, Directrice des Investissements et des Placements
MANDARINE GESTION
Rémi Leservoisier, Directeur Général
MANSARTIS
Guillaume Jalenques de Labeau, Président Directeur Général
MEESCHAERT AM
Dan Sayag, Directeur Général
MESSIEURS HOTTINGUER & CIE GESTION PRIVÉE
Laurent Deydier, Directeur Général Délégué et Directeur de la Gestion d’Actifs
MIROVA
Louise Schreiber, Responsable Recherche en Développement Durable, actifs cotés
MOTTIS NICOLAS, Professeur à l’École Polytechnique
OFI INVEST
Jean Pierre Grimaud, Directeur Général
OSTRUM
Philippe Setbon, Directeur Général
PRÉFON
Philippe Sebag, Président
PRO BTP FINANCE
Silvain Deprez, Directeur ISR
PROXINVEST
Charles Pinel, Directeur Général
ROTHSCHILD & CO ASSET MANAGEMENT EUROPE
Ludivine de Quincerot, Head of ESG & Financial Research
SANSO IS
David Kalfon, Président
SIENNA GESTION
Xavier Collot, Président du Directoire
SPPI FINANCE
Eric Grolier, Directeur Général
SWISSCANTO BY ZÜRCHER KANTONALBANK
Rocchino Contangelo, Head of Global ESG-Integrated Research
SYCOMORE AM
Cyril Charlot, Associé-fondateur
TRUSTEAM FINANCE
Claire Berthier, Directrice Générale
UBP AM
Karine Jesiolowski, Head of Responsible Investment